C’est à sa lumière que l’Église catholique considère l’Eucharistie. Ainsi l’archevêque de Kansas City aux États-Unis a constaté que plusieurs paroisses de son diocèse utilisaient, parfois depuis plusieurs années, du vin non conforme pour la célébration de la messe. En conséquence dans ces paroisses, pendant un certain nombre d’années, toutes les messes ont été invalides et donc les intentions pour lesquelles ces messes ont été offertes n’ont pas été satisfaites. Pour l’archevêque, « il s’agit d’une situation très grave pour laquelle nous devons demander les conseils du Saint-Siège. » (Source : cath.ch, 09/06/2023)
Mais ce dernier s’est déjà prononcé. Dans ses Instructions pour célébrer la Messe (Ordo servandus in celebratione Missae, Imprimerie du Vatican, 1965, en latin), il est bien spécifié que si le vin n’est pas de bonne qualité (« piqué » par exemple), comme d’ailleurs si l’hostie n’est pas faite à partir de blé pur, la consécration n’est pas valable, le sacrement n’est pas accompli : non conficitur sacramentum (pp.59-62).
La matière et les paroles rituelles sont plus essentielles que la personnalité de l’officiant : si celui-ci a prononcé les bonnes paroles avec l’intention de s’en moquer (delusorie), ou s’il est en état de péché mortel, pourvu que matière première, rite et paroles soient bien observés, valable est le sacrement (conficitur sacramentum) – même si, bien sûr, « le prêtre pèche gravement » (ibid., p.63). C’est apparemment la moindre des choses !
Lorsque les Donatistes à l’inverse ont soutenu que le sacrement était invalidé par l’indignité personnelle de celui qui l’administrait, ils ont été violemment attaqués par Augustin, et décrétés hérétiques.
Ce matérialisme et ce littéralisme ecclésiaux sont à très courte vue. C’est par hasard géographique que l’Évangile a choisi le pain et le vin pour signifier le corps et le sang du Christ. On connaît la Querelle des rites, qui agita à la fin du 17e siècle les différents ordres missionnaires chargés de l’évangélisation. Pourquoi garder en des pays lointains qui les ignorent le pain et le vin ? N’aurait-on pas pu recourir au riz et au thé, par exemple ? Mais Rome fut inflexible sur le sujet : l’œcuménisme a des limites.
Que n’a-t-elle pourtant retenu ce que dit l’Apôtre : « La lettre tue, et l’esprit vivifie » (2 Corinthiens 3/6). Qu’importe donc la matière ! L’essentiel est ce qu’on y voit.
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