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aut-il toujours écouter celui que nous donnent nos amis ? Ainsi l’un des miens vient de m’avertir de l’indisposition où je pourrais mettre mes lecteurs, en faisant un examen critique de la foi dans laquelle ils ont baigné depuis l’enfance.
C’était bon pour il y a quelques décennies, m’a-t-il dit, quand l’Église était forte et sûre de son pouvoir. Mais maintenant la société est de plus en plus sécularisée, les églises se vident, et la foi chez les derniers fidèles est de plus en plus chancelante : elle a besoin, non pas d’être fragilisée, mais réconfortée.
Et avec les derniers attentats, le temps n’est plus au doute, il ne faut pas souffler la petite flamme prête de s’éteindre de ceux qui croient encore chez nous, il faut étayer le dernier courage qui leur reste. Bref, on ne tire pas sur une ambulance.
Il ne faut donc pas dire que les textes sacrés sont hétéroclites, voire contradictoires, que certains sont d’une extrême violence, que s’ils paraissaient aujourd’hui ils tomberaient automatiquement sous le coup des lois pour apologie du meurtre, que l’image de Dieu qu’ils nous donnent n’est pas très flatteuse, au point d’y faire voir parfois un pervers sadique à l’image des dieux païens.[1]
Il ne faut pas contester qu’il a livré pour notre salut son fils unique, sinon que dira-t-on pour les consoler à des parents qui viennent de perdre leur enfant ?[2]
Il ne faut pas leur montrer qu’à s’inférioriser constamment dans le sentiment du péché ils risquent de s’emplir de rancœur et de devenir par inhibition violents à leur tour, car qui a peur fait peur.[3]
Pas plus qu’à s’exalter follement dans l’espérance ils risquent de perdre la nécessaire attention au moment présent, et de faire bon marché de leur vie terrestre au bénéfice d’une vie future et d’un paradis rémunérateur où ils trouveront enfin le bonheur.[4]
Surtout il convient bien de souligner l’importance décisive de cette croix salvatrice à l’image de laquelle ils doivent modeler leur vie en renonçant aux simples plaisirs qu’ils y peuvent trouver, en faisant une croix dessus.[5]
C’est ainsi qu’ils ont été élevés, a conclu mon ami, et c’est là ce que montrent certains textes qui ont pour eux l’ancienneté, auxquels ils sont habitués et qu’il ne faut pas mettre en question, pas plus que beaucoup de dogmes qui ont été promulgués en étant inspirés par le Saint-Esprit, et pas plus encore que toute la catéchèse ecclésiale qui les a bercés. – Et au fond, qui ne préfère dormir à s’éveiller ?
Le quittant, je me suis bien promis de réfléchir à ce qu’il m’a dit.
Article paru dans Golias Hebdo, 25 février 2016
Notes possibles :
[1] Lévitique 20/13 Quand un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ce qu’ils ont fait tous les deux est une abomination ; ils seront mis à mort, leur sang retombe sur eux.
[2] Romains 8/32 Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous, comment, avec son Fils, ne nous donnerait-il pas tout ?
[3] Psaumes 130/3 Si tu retiens les fautes, SEIGNEUR ! Seigneur, qui subsistera ?
[4] 1 Corinthiens 13/12 A présent, nous voyons dans un miroir et de façon confuse, mais alors, ce sera face à face. A présent, ma connaissance est limitée, alors, je connaîtrai comme je suis connu.
[5] Luc 9/23 Puis il dit à tous : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. »
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Ce texte est extrait d'un des deux tomes de mon ouvrage Chroniques religieuses. Pour plus de détails sur ces deux livres, cliquer: ici.
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