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Église suédoise, évangélique luthérienne et dont l’Archevêque est une femme, va encourager prêtres et fidèles à proscrire les termes genrés pour désigner Dieu.
Ainsi il ne faudra pas employer des termes comme « Le Seigneur », ou « Il » pour leur préférer le mot « Dieu » (neutre en suédois), qui est moins spécifique. (Source : Courrierinternational.com, 24/11/2017)
Cela ne m’étonne pas de la part de la Suède, où à la suite d’un lobby féministe influent on veut tout « neutraliser » : ainsi les parents sont-ils invités à choisir n’importe quel prénom pour leur enfant, sans tenir compte de son sexe : par exemple on pourrait appeler une fille Jack, et un garçon Lisa, etc.
L’argumentaire de l’Archevêque tient dans sa déclaration : « Théologiquement, nous savons que Dieu est au-delà de nos déterminations de genre, car Dieu n’est pas humain. » Il est vrai que parfois on désigne Dieu comme le « Tout autre », comme dans la théologie négative ou apophatique, selon laquelle on ne peut dire de Dieu que ce qu’il n’est pas. Mais alors il faudrait le désigner par une écriture inclusive « le.la Tout autre », avec tous les problèmes que j’ai déjà soulignés.
Mais plus profondément l’argument théologique ne tient pas, ou plus précisément il ne vaut que pour un juif ou un musulman, pour qui « Dieu n’est pas humain », car il ne s’est pas incarné. Au contraire, au moins depuis le concile de Nicée, le christianisme affirme que Dieu s’est incarné dans la figure du Christ, dont on ne peut nier qu’il fut un homme, au sens masculin du terme. L’Église suédoise risque donc de se séparer des églises chrétiennes nicéennes, majoritaires, et de passer à leurs yeux pour hérétique.
Pour la consoler, disons-lui que l’Esprit, la troisième figure de la Trinité, est féminin en hébreu : Ruah. Cela introduit une composante féminine dans la conception chrétienne de Dieu. Je ne sais si cela suffira. En tout cas, si on s’est gaussé autrefois des disputes byzantines, on voit qu’elles ne sont pas terminées.
Article paru dans Golias Hebdo, 11 janvier 2018
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Ce texte est extrait d'un des deux tomes de mon ouvrage Chroniques religieuses. Pour plus de détails sur ces deux livres, cliquer: ici.
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