Cette peur du sexe peut aller jusqu’à la condamnation des œuvres qui en font mention. C’est le cas d’une loi promulguée par Ron DeSantis, gouverneur républicain de Floride, grand pourfendeur de l’homosexualité, de l’évocation de l’orientation sexuelle ainsi que de l’identité de genre à l’école. Cette loi vise à bannir dans les programmes scolaires l’étude des œuvres complètes de William Shakespeare, jugées trop sexuelles. On devra donc soigneusement expurger Roméo et Juliette, Hamlet ou Othello, etc., et bien s’assurer de ne pas offenser les oreilles des petits écoliers. (Source : lepoint.fr, 11/08/2023)
Dans cette œuvre d’expurgation tatillonne, qui n’a pas peur du ridicule, le gouverneur fait exactement ce qu’il reproche, dans un contexte opposé, au wokisme et à la cancel culture, si prompts à bannir tout ce qui peut présenter une dimension contraire à leur idéologie « progressiste ». Il y a des censeurs et des expurgateurs dans tous les bords – ce qui ne les justifie pas pour autant.
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À côté de cela, s’obstinant dans son entreprise de révolution culturelle, DeSantis souhaite également modifier certains cours d’histoire des États-Unis en affirmant qu’il faut enseigner les effets positifs de l’esclavage sur la population noire américaine. Apparemment la brutalité de l’imposition du travail forcé aux Noirs, souvent manu militari, le choque moins que l’évocation de la sexualité.
Il n’est donc pas pour supprimer dans les manuels et leçons scolaires la mention de la violence et le recours aux armes dans les conflits et les guerres. Cela correspond d’ailleurs à la mentalité d’une grande partie du peuple américain : pudibonderie d’un côté, et éloge des armes de l’autre, comme l’autorise le deuxième amendement de la constitution, et comme le défend le lobby des armes. Le diptyque fondateur de cette nation est la Bible et le Colt.
Bref, on raisonne comme si un enfant devait naturellement être moins effrayé par un instrument de mort que par le sexe. Je pense qu’il est facile d’en juger, avec un minimum de réflexion et de bon sens. Mais à ces derniers certaines pensées sont hermétiquement fermées, et c’est bien dommage.
Finalement, l’esprit humain est comme un parapluie : il fonctionne mieux lorsqu’il est ouvert.
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