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a découverte d’une exoplanète ressemblant à la terre le mois dernier par la NASA a vite mené à s’interroger sur l’existence d’une intelligence extraterrestre.
Le cardinal José Gabriel Funes, chargé de surveiller l’Observatoire astronomique du Vatican, s’est lui-même dit « ouvert à la possibilité d’une vie extraterrestre ». Selon lui en effet, « il n’y a aucune contradiction entre la théologie catholique et la croyance aux extraterrestres ».
Cependant il a affirmé que « la découverte d’une vie intelligente ne veut pas dire qu’il y existe un autre Jésus. L’incarnation du fils de Dieu est un événement unique dans l’histoire de l’humanité et de l’univers. Dieu est devenu un homme à travers Jésus en Palestine, il y a 2000 ans. » (Source : Le Huffington Post, 4 août 2015)
Il y a certes cohérence à reprendre le dogme chrétien de l’incarnation de Dieu. En christianisme l’incarnation divine n’est pas vue comme périodique dans le cours de l’histoire, et donc pouvant se produire encore, comme dans le cas de l’avatar hindouiste. Le « a souffert sous Ponce-Pilate » du Credo en atteste l’inscription factuelle, et donc non reproductible : sinon, on ne comprendrait pas pourquoi une telle publicité a été faite pour les siècles des siècles au préfet romain !
Mais cohérence ne veut pas dire intelligence. Pourquoi s’attacher ne varietur à un tel dogme, qui ne s’est imposé que tardivement en christianisme, et n’a pas rencontré l’adhésion de tous ? Les unitariens par exemple le refusent toujours.
L’incarnation de Dieu en la personne de Jésus-Christ n’est qu’une option. Outre qu’évidemment elle n’est partagée ni par le judaïsme ni par l’islam, elle est très souvent contredite au sein du christianisme même dans les textes fondateurs, à commencer par exemple par l’évangile de Jean, où le Messie pourtant a la plus grande stature, et qui pour cette raison relève de ce qu’on appelle la « christologie haute ». On y lit en effet : « Le Père est plus grand que moi » (14/28). Pourquoi être ici plus royaliste que le roi ?
Face à la possibilité d’extraterrestres, le pape François n’a rien trouvé de mieux à dire qu’il fallait les baptiser : « Qui sommes-nous pour leur fermer la porte ? » (même source)
Là encore il a été fidèle à la Tradition, qui unit toujours esprit missionnaire et manie constante de baptiser même « magiquement », sans s’assurer de la foi de celui qui reçoit le baptême, ce qui pourtant est la chose la plus importante.
Mais ne faut-il pas la réviser ? Pourquoi vouloir annexer quiconque à tour de bras, et pourquoi n’existerait-il pas un Jésus Alien ?
Article paru dans Golias Hebdo, 3 septembre 2015
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Ce texte est extrait d'un des deux tomes de mon ouvrage Chroniques religieuses. Pour plus de détails sur ces deux livres, cliquer: ici.
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