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4 octobre 2023 3 04 /10 /octobre /2023 01:00

I

l ne faut pas le confondre avec l’esprit laïque, qui ne prône que la séparation du religieux et du profane dans l’espace public.

 

On peut très bien, et c’est mon cas, défendre ce dernier, et récuser le premier. Pathologie de l’esprit laïque, l’esprit laïciste ou laïcard est délibérément hostile à tout ce qui est religieux, qu’il ne veut pas voir même évoqué, par exemple, dans l’enceinte de l’école publique.

 

C’est ce qui vient de se produire dans une école de l’Indre, où un instituteur a fait l’objet, de la part de sa hiérarchie, d’un déplacement contraint et d’une sanction pour « faute grave professionnelle », pour simplement avoir fait étudier en classe des passages de la Bible. Ayant fait appel de cette décision, survenue en juin 2017, il espère maintenant une réhabilitation (Source : LeFigaro.fr, 07/02/2017).

 

Se déclarant agnostique et fils et petit-fils d’instituteurs de l’enseignement public, il a voulu, dit-il, simplement répondre aux questions de ses élèves, genre : « C’est qui, le monsieur sur la croix dans la salle des fêtes ? », ou « Pourquoi on travaille pas à Pâques ? », ou enfin : « C’est quoi, le baptême de Clovis ? »

 

J’ai moi-même dans ma carrière de professeur été confronté à l’ignorance abyssale des élèves en matière religieuse : pour eux une parabole est une antenne de télévision, la Passion la simple passion amoureuse, et même un crucifix n’est qu’un tournevis (cruciforme !).

 

J’affirme que l’ignorance des faits religieux élémentaires de notre culture condamne à ne rien comprendre du tout à nos arts et à notre littérature. Racine, Hugo, Baudelaire, et combien d’autres ! sont totalement incompréhensibles si on ne connaît pas l’arrière-plan religieux sur lequel leur œuvre s’est édifiée. Pourquoi s’en tenir à n’étudier que la mythologie gréco-romaine, païenne, et refuser d’explorer la mythologie chrétienne, sinon par référence à une laïcité mal comprise, et dévoyée ?

 

Je me sens bien proche de cet instituteur, agnostique (comme moi) et fils d’instituteurs (comme moi aussi). Espérons alors que son admi­nistration n’aura pas le dernier mot...

 

Article paru dans Golias Hebdo, 22 février 2018

 

 

Autre article que j'ai publié sur cette même affaire :

 

J’

ai appris avec stupéfaction qu’un professeur de l’enseignement public, dans l’Indre, a été suspendu par son Inspecteur d’Académie pour avoir fait travailler ses élèves sur quelques extraits de la Bible.

 

Une enquête administrative a été ouverte, mais les parents d’élèves qui ont envoyé une lettre au rectorat pour se plaindre de l’étude d’un texte religieux en classe restent anonymes et ne parlent pas – en quoi évidemment on peut admirer leur courage... (Source : Francetvinfo.fr, 04/03/2017)

 

Cette sanction d’une gravité exceptionnelle me choque totalement. Cela me fait penser à mes débuts de professeur en lycée public. Comme j’avais fait allusion en cours de français au Notre Père chrétien, où le croyant demande à Dieu de « ne pas le faire entrer en tentation », pour faire réfléchir les élèves, après Paul Ricœur, à l’idée du « Dieu méchant dans la vision tragique de l’existence », mon proviseur me convoqua et me reprocha de faire réciter dans tous mes cours le Notre Père et l’Ave Maria ! Tant la calomnie sour­noise et courageusement anonyme peut faire des ravages, comme le dit Basile dans Le Barbier de Séville !

 

Je ne sais pas évidemment quel a été le contenu de l’enseignement de ce collègue, au demeurant très bien vu de la quasi-totalité de ses élèves et de leurs parents, d’après la source susmentionnée. Mais je sais bien que l’étude d’un texte dit « sacré », biblique ou autre, est tout à fait possible en cours de français, et ne contrevient pas au principe de laïcité. Seuls les laïcistes ou laïcards, ces myopes intellectuels, peuvent s’en formaliser. Leur convient tout à fait le proverbe oriental : « Quand on montre la lune du doigt, l’imbécile regarde le doigt ».

 

Au reste, je soutiens que vouloir étudier la littérature sans faire référence aux contenus religieux qui la sous-tendent, textes compris, est une ineptie. Comment comprendre Pascal, Racine, Hugo, Baudelaire, etc., sans y faire des allusions, et parfois fort développées ? Ne confondons pas les plans. C’est affaire ici de culture, et non pas de catéchisme.

 

Article paru dans Golias Hebdo, 16 mars 2017

 

 

 

D.R.

 

***

 

Extraits d'un des deux tomes de mon ouvrage Chroniques religieuses. Pour plus de détails sur ces deux livres, cliquer: ici.

 

 

 

*

Sur la fin juridique de cette affaire :

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commentaires

A
La laïcité, dans les termes où tu la définis en toute justesse, repose (reposait ?) sur un consensus, difficilement obtenu. Celui-ci, par le jeu de forces diverses, est fortement ébranlé. Nos sociétés modernes ne paraissent plus en mesure de le porter. Ce qui ne doit pas empêcher, si on le juge bon (c'est mon cas, comme toi), de le faire vivre.
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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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