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est simplement le fait d’agir comme on doit agir. C’est la caractéristique essentielle du judaïsme, où les fidèles ne sont pas appelés comme chez nous « croyants », mais simplement « observants » (c’est-à-dire mettant en pratique les commandements de la Tora).
J’ai pensé à cela en apprenant qu’une pasteure de l’Église unie du Canada, Gretta Vosper, âgée de 57 ans, ordonnée en 1993, se bat pour rester à son poste, « tout en ne croyant ni en Dieu ni dans la Bible ».
Elle affirme simplement que la seule chose qui importe est de bien se comporter avec soi et avec les autres. Pour elle, « la manière de vivre est plus importante que les croyances. » Une procédure d’exclusion de son ministère a été lancée contre elle, mais elle espère échapper à la révocation (Source : La-Presse.ca, 5 août 2015).
Ainsi tous les dogmes établis à propos d’un Dieu tout-puissant, rémunérateur et vengeur, et de son Fils qui en a pris le relais en christianisme à partir du concile de Nicée, de même que tous les textes bibliques dont on s’autorise pour diriger les âmes, sont pour elle des fictions – très souvent dangereuses. Elle prône le retour aux premiers temps du christianisme, où l’on s’occupait seulement de mettre ses pas dans ceux de Jésus, et d’imiter son attitude. Et il est bien vrai qu’on ne trouvera dans la bouche de ce dernier aucune des constructions dogmatiques qu’on a élaborées bien plus tard.
Je suis tout à fait de l’avis de cette pasteure, et je la regarde (de loin !) avec beaucoup de sympathie défendre sa position. Quel besoin a-t-on de se raccrocher à des articles de foi, constructions tout à fait humaines, qui n’en imposent que par leurs grands mots, et ne tirent leur crédit que du dressage éducatif que nous avons subi ?
Au fond, je ne suis pas loin de partager l’opinion de J-L. Borges, qui voyait dans la théologie (comme dans la psychanalyse !) « une branche de la littérature fantastique ».
À quoi nous sert de réciter le Credo, ou même le Notre Père (que la pasteure a décidé de supprimer en 2008) ? De Dieu (s’il existe !), nous ne savons rien. Mais les règles de notre équilibre intérieur, et les relations avec notre prochain, voilà ce qui importe. Il nous suffit dans la vie de savoir ce nous devons faire.
Il semble que Jésus nous ait précédés dans cette voie. Ou au moins sa voix. Écoutons-le défendant (en bon juif) la seule orthopraxie, et refusant toute adoration aliénante, semblant condamner à l’avance toutes les constructions idolâtres de ceux qui ensuite se sont réclamés de lui : « Pourquoi m’appelez-vous ‘Seigneur, Seigneur!’ et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Luc 6/46)
Article paru dans Golias Hebdo, 27 août 2015
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Ce texte est extrait d'un des deux tomes de mon ouvrage Chroniques religieuses. Pour plus de détails sur ces deux livres, cliquer: ici.
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