On peut très bien savoir une chose, et ne pas y croire. Ainsi on peut savoir qu’on mourra un jour, et si l’on est en bonne santé, ne pas y croire. C’est ce qui arrive aujourd’hui à propos du réchauffement climatique.
À part quelques complotistes qui sont persuadés qu’il s’agit d’une infox au service d’on ne sait quelle machination nationale ou mondiale, la plupart des gens sont maintenant au courant de ce fait avéré par énormément de publications scientifiques. Et pourtant leur comportement montre qu’ils n’y croient pas.
En cela on voit la faillite des morales intellectualistes, du type « Il suffit de bien juger pour bien faire ». Car bien juger est une chose, et bien faire en est une autre, très différente. Ces morales sont incarnées par Socrate chez Platon (« Nul n’est méchant volontairement »), et par Jésus en christianisme (« Pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font »). C’est une erreur, car on peut très bien savoir ce que l’on fait, et le faire quand même.
Normalement, les ressources de la planète étant finies, on ne peut espérer en son exploitation infinie. La seule option minimale valable est la sobriété dans les comportements de chacun, et la décroissance en économie. Cela il est facile de le savoir. Mais on fait le contraire. On parle de « développement durable », de « croissance verte », de « progrès soutenable ». Mais ce n’est pas en verdissant les anciens comportements (green-washing) qu’on répondra efficacement aux défis qui nous attendent.
Un seul exemple, parmi des milliers : on veut pour des raisons écologiques développer l’automobile électrique, et l’on a raison en partie. Mais pourquoi encore construire avec cette technologie de grosses voitures, type SUV (Sans Utilité Véritable), alors qu’il en faudrait des petites ? La rémanence des anciens comportements est évidente, et cette inertie mène à des catastrophes.
On ne s’en rend pas compte peut-être, comme dans la parabole de la grenouille que l’on échaude par paliers progressifs et qui donc ne s’en aperçoit pas, alors que plongée d'un seul coup dans l’eau bouillante elle périrait immédiatement.
Encore que cet apologue n’est peut-être pas approprié, car la catastrophe peut arriver d’un seul coup, comme le disent les annonciateurs de l’effondrement général, les collapsologues. Les hommes continueront-ils alors leur aveuglement, comme d’orchestre du Titanic jouant sur le pont, en plein naufrage ?
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