Notre président a dit que face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie l’Occident ne devait pas faire preuve de lâcheté. Je pense qu’il a raison face à la situation actuelle. La lâcheté serait le pire des comportements.
Elle est pire même, disait Péguy, que la méchanceté effectivement agissante. Car celui qui fait a au moins le courage de faire, tandis que celui qui laisse faire, à son refus d’agir ajoute la poltronnerie. Le silence des pantoufles est pire que le bruit des bottes. Ne pas intervenir quand survient une agression est s’en rendre complice. Et complice, concluait Péguy, c’est pire qu’auteur, infiniment pire.
On nous dit que dans un monde désormais multipolaire il n’y a pas lieu de défendre un Occident qui s’est discrédité dans le passé par la colonisation, et en voulant imposer ses valeurs et son modèle à l’ensemble de la planète. C’est un fait que l’Occident porte ici le poids de sa culpabilité, qui peut toujours le pousser à ne pas intervenir dans les conflits extérieurs : ainsi fit le président états-unien Obama en 2013 en Syrie, sans penser que sa décision de non-intervention pouvait pousser le président russe à en profiter pour envahir et annexer la Crimée un an plus tard.
Pourquoi cependant se fustiger continuellement ? L’Occident ne croit-il plus aux valeurs qui lui appartiennent en propre ? Est-il si lâche et veule dans sa recherche du confort à tout prix qu’il s’en trouve « zombifié », face aux fanatismes et aux terrorismes de tous bords qui spéculent sur sa faiblesse pour s’en prendre à lui ?
Qu’il n’y ait plus aujourd’hui possibilité d’un impérialisme occidental, soit ! L’Histoire a changé, et il faut tourner la page. Mais faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain ? Il suffit de jeter un œil sur l’état du monde pour se convaincre que les anciens Empires veulent trouver à nouveau leur place : le russe en Russie, le chinois en Chine, l’ottoman en Turquie, le perse en Iran... Ils reposent sur la mise au pas des populations et l’extinction de leurs libertés, ainsi que sur un nationalisme agressif et xénophobe. En regard de cela, que peut apporter l’Occident ? Simplement, mais essentiellement, les valeurs d’universalité, du droit égal pour chacun à exister. Les communautarismes qui prolifèrent aujourd’hui, avec leurs réflexes d’exclusion de l’autre, justifient qu’on ne veuille pas se passer d’elles – en renonçant à les défendre par lâcheté.
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