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ans son livre Drunk With Blood: God’s Killings In The Bible (Ivre de sang: les meurtres de Dieu dans la Bible), Steve Wells dénombre tous les meurtres et exécutions commis par Dieu dans la Bible : lorsqu’on se contente de regarder les assassinats et génocides pour lesquels il existe un décompte précis, on arrive au chiffre phénoménal de 2,8 millions de morts (Source : Slate.fr., 25/04/2016).
Bien sûr, la Bible n’est pas le seul livre sacré des religions monothéistes qui montre la face violente de Dieu. Assurément ces mêmes livres s’ils paraissaient aujourd’hui, seraient aussitôt condamnés et interdits par notre justice, pour apologie du meurtre. [v. Conservatisme]
À partir de là, on peut, comme font les théologiens progressistes, resituer ces passages dans une époque ancienne où régnait cette violence dont heureusement nous sommes sortis aujourd’hui, et les relativiser. Mais ce faisant on n’empêchera pas les croyants naïfs de continuer à les prendre au premier degré.
Ou bien, si on n’en admet pas l’existence, on veut les supprimer du canon. Ce fut l’attitude de Marcion, puis celle des cathares, qui récusaient en bloc tout le Premier Testament, comme ne présentant pas de Dieu une image bien flatteuse. Mais Marcion et les marcionites furent excommuniés, et les cathares exterminés pour hérésie.
Il est vrai que récuser en christianisme le texte matrice était impossible, car il s’y rattache quasiment à chaque ligne, et tout lifting du texte pour aller dans ce sens était impossible. En outre, pour qu’une nouvelle religion pût être admise dans l’Empire romain, elle devait donner des preuves de son ancienneté. Le rattachement au judaïsme y contribuait. Enfin il faut remarquer qu’il y a des strates rédactionnelles très violentes dans le texte néotestamentaire même.
L’attitude la plus sage, à mon avis, est de dire que ce Dieu violent, colérique et sanguinaire est une projection que les hommes font sur lui. L’homme fait Dieu à son image. Étant lui-même à l’occasion violent, colérique et sanguinaire, il s’imagine Dieu de la même façon.
Puis, par un étrange phénomène de rétroaction ou de feed back, il se figure que cet être qu’il a ainsi créé se met à son tour en colère contre lui.
Et enfin, par mimétisme vis-à-vis de cet être qu’il croit extérieur à lui il devient lui-même colérique et violent.
– Tant il faut dans la vie se méfier des projections, et tant il est absurde d’avoir peur de sa propre ombre ![1]
Article paru dans Golias Hebdo, 7 septembre 2017
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