Une surveillante de 31 ans du collège Françoise-Dolto à Nogent en Haute-Marne a été mortellement poignardée au couteau par un élève, mardi matin, pendant une fouille des sacs aléatoire à l’entrée de l’établissement. Le collégien, âgé de 14 ans, a été placé en garde à vue à la gendarmerie de Nogent. (Source : francebleu.fr, 10/06/2025)
Le garçon s’est montré « détaché, sans aucun signe évoquant un possible trouble mental », selon le procureur de la République de Chaumont lors d’une conférence de presse. Le jeune homme a reconnu être l’auteur des faits, mais n’a pas exprimé « de regret, ni aucune compassion pour la victime ». (même source)
Ce jeune homme donc manque manifestement d’empathie, qui est la capacité de se mettre à la place de la victime, de ressentir les choses de son point de vue. Enfermé en lui-même, totalement autocentré, il échappe à la caractéristique qu’on formule habituellement à propos de l’être humain : la possibilité de sortir de soi, de s’ouvrir ainsi à la compassion et à l’entraide. Même si le procureur a dit ne pas détecter en lui un possible trouble mental, sa froideur le met d’emblée à l’écart du monde humain, précisément par cette absence d’empathie qui caractérise aussi les grands criminels.
On pense au portait des adolescents totalement dépourvus de conscience morale ou de Surmoi, dessiné par Bertrand Tavernier dans L’Appât (1995). Ou encore à celui, très impressionnant, mis en scène par Michael Haneke dans Benny’s video (1993). Ce dernier film d’ailleurs insiste sur la totale déréalisation causée dans l’esprit d’un l’adolescent par la fréquentation assidue des écrans, et sur l’absence et même la complicité objective des parents dans la genèse de ce processus, qui les dispense d’assumer leur vraie tâche d’éducateurs. Précisément le jeune collégien de Nogent éprouvait, toujours selon le procureur, une « certaine fascination pour la violence et la mort », et il était adepte des jeux vidéo violents.
Associée à la fréquentation des réseaux sociaux tout aussi déréalisante parce que dépourvue de la chaleur humaine, empathique, de vrais contacts, cette situation solipsiste fait vivre dans un autre monde. Et, les statistiques le montrent, c’est surtout les garçons qui sont ici impliqués, et pas seulement à cause du virilisme associé à la violence. Par rapport à eux, les jeunes filles me semble-t-il sont plus au contact du monde réel et concret.
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