" (Textes libres)
Marcher sur une poutre est un grand plaisir. À une cinquantaine de centimètres du sol, à peu près, il faut évidemment garder l’équilibre. Mettre pied à terre serait un déshonneur. Donc voici, en cette marche, la marche à suivre : regarder un peu en avant de soi, pas trop loin car on se décourage, pas trop près car on n’avance pas. Dans ce qu’on entreprend, la mi-distance est nécessaire. Aussi il faut un certain élan, un certain allant. Immobile, on ne se décide à rien. On stagne. Stase debout. On peut penser, à beaucoup de choses, mais surtout pas à ne pas tomber. Car alors sûrement on tombe. Une certaine mécanicité dans les gestes, une certaine machinalité sûrement. Si se lève le vent, n’y pas faire attention. S’occuper donc, mais pas trop. Le souvenir parfois vient en aide. On y est déjà arrivé. Alors…
Au bout de l’épreuve (en est-ce une ?), on sera fier. Enfin voici qu’on l’est. Jusqu’à la prochaine fois.
Image parfaite de la vie.
Superbolquère, dimanche 1er août 2004
© Michel Théron - 2010