¸(Vidéos)
Voici une vidéo de 5'04'', réalisée à partir d'un poème d'Aragon. L'illustration principale est due à Georges de La Tour :
« Reconnaissance à Georges de La Tour qui maîtrisa les ténèbres hitlériennes avec un dialogue d'êtres humains. »
(René Char)
→ Pour voir le film, cliquer sur le lien ci-après. Puis aller à Mes albums, puis faire glisser la souris juste en-dessous (attention : le faire très doucement), pour faire apparaître l'onglet : Mes vidéos. Cliquer dessus. Plusieurs films sont alors accessibles dans la barre du bas, rangés par ordre alphabétique de titre. Si l'on fait passer la souris dessus, apparaît leur nom. Cliquer alors sur : Un jour... On peut agrandir l'écran en cliquant en haut à droite sur 2:1, et encore plus, mais au risque de perdre évidemment de la qualité, en cliquant sur la double flèche oblique o :
Un jour ...
Voici le texte d'Aragon :
Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au dessus de ce corps et contre ses bourreaux
A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime
Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu
Emplissant tout à coup l'univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue
Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Ah je désespérais de mes frères sauvages
Je voyais je voyais l'avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porté sur nos rivages
Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l'a touché
Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Quoi toujours ce serait la guerre la querelle
Des manières de rois et des fronts prosternés
Et l'enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles
Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d'idoles
Aux cadavres jeté ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou
Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Nota : la beauté de ce texte, et éventuellement celle du petit film que j'en ai tiré (au visiteur là-dessus de se prononcer) justifient-elles d'accepter la vision eschatologique et messianique qui y est défendue ?
Une autre vision est possible : celle de la gnose, qui tourne le dos à toute eschatologie, en remplaçant l'attente par la restauration. « Ce que vous attendez est déjà venu, mais vous ne le connaissez pas » (Évangile selon Thomas).
Sur Aragon, sur la structure religieuse traditionnelle de sa pensée, eschatologique et messianique, sur son euphémisation du sacrifice, et même sur la possibilité ici d'une « barbarie de l'art » , voyez : Le sacrifice religieux laïcisé.