Compte tenu de l'actualité, je republie ici un article déjà publié sur mon blog l'année dernière (juillet 2019).
Enfants sans père
Certes il y en a toujours eu, soit que leur père soit mort, soit qu’il ait quitté le domicile conjugal, etc. Ils ont été élevés par leur mère seule, ou par leur grand-mère, etc. Peut-être s’en sont-ils bien trouvés. Mais peut-être aussi ont-ils regretté de n’avoir pas connu leur père...
De toute façon, les situations que je viens d’évoquer ont toujours été exceptionnelles. Mais aujourd’hui elles vont se répandre, car on va officialiser l’existence d’enfants sans père. Il s’agit de la possibilité donnée aux couples lesbiens, ou aux femmes célibataires, d’avoir un enfant au moyen de la Procréation Médicalement Assistée (PMA). Jusqu’ici ne pouvaient en bénéficier que les couples hétérosexuels stériles.
Je pense qu’il y a là une catastrophe anthropologique, car Père et Mère sont des rôles fonctionnels distincts, également nécessaires pour l’équilibre de l’enfant. Le premier incarne la Loi morale et sociale, et la seconde l’accueil inconditionnel, la compassion sans limite. L’enfant a besoin de ces deux pôles pour bien se construire. Si le premier disparaît, il est privé de son droit à recevoir une borne à tous ses caprices. Il importe donc de maintenir ce rôle structurant, comme l’a montré le pédopsychiatre Aldo Naouri dans un beau livre, Une place pour le père (Seuil « Points », 1999).
Le droit à l’enfant, dont se prévalent les tenantes de cette mesure, oublie le droit de l’enfant, qui est de recevoir précisément cette limite. Il y a dans leur démarche une grande légèreté. On ne « fait » pas un enfant comme on achète un objet ou un animal de compagnie. Il y faut plus de responsabilité.
Il y a aussi grand danger à enfreindre les processus naturels. La PMA proposée comme technique normale généralise ce que font depuis longtemps les éleveurs de bétail : pratiquement plus aucune bête n’est fécondée maintenant autrement que par insémination artificielle. Et à suivre cette voie, on se demande si des manipulations ne vont pas à terme se produire, et si on n’ira pas vers l’eugénisme, comme celui que mentionne Huxley dans son roman dystopique Le Meilleur des mondes. De toute façon, quand la mise en œuvre d’une technique est possible, aucun frein moral ne retient les hommes : on ne se prive jamais d’aller au maximum de ses possibilités.
Il est évident que les couples homosexuels masculins ne voudront pas être en reste, et vont demander à leur tour le même droit : on ira fatalement vers la Gestation Pour Autrui (GPA), qui est une instrumentalisation inadmissible du corps humain.
Je sais bien que vont se lever ici tous les « progressismes ». Il faut suivre l’état des mœurs, la pratique existe de toute façon dans d’autres pays, on n’a pas le droit d’essentialiser ainsi masculin et féminin, les rôles respectifs sont interchangeables, etc. – Je prévois tout cela, mais si mon époque se trompe, je ne vois pas pourquoi je devrais lui emboîter le pas !

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P.S. 1 - Voici un lien qui va vers une interview très instructive de la philosophe et féministe Sylviane Agacinski sur la PMA. Merci à Daniel Alexandre de l'avoir signalé. Cliquer : ici.
P.S. 2 - Pour voir la discussion de cet article dans le groupe Facebook du Protestantisme libéral (117 commentaires), cliquer : ici.
PS. 3 - Sur les rôles masculin et féminin dans l'éducation des enfants, voir :
PMA aujourd'hui ? - La Sagesse des Anciens - Le blog de michel.theron.over-blog.fr
" Non vides quanto aliter patres, aliter matres indulgeant ? Illi excitari jubent liberos ad studia obeunda mature, feriatis quoque diebus non patiuntur esse otiosos et sudorem illis et interdum ...
http://www.michel-theron.fr/2018/09/pma-aujourd-hui-la-sagesse-des-anciens.html