Terminant son intervention lors de l’ouverture de la COP 26 à Glasgow, le président états-unien a dit à son public : « Que Dieu vous bénisse, et que Dieu sauve la planète ! » (entendu au Journal de 19 H de France Inter, 01/11/2021).
Bien sûr on peut voir dans cette phrase une formule stéréotypée et « passe-partout », sans grande conséquence, habituelle dans ce pays traditionnellement religieux. Mais si on la prend au sérieux et dans son sens plein, la leçon en est terrifiante. Autrement dit : Nous, hommes, sommes en passe de détruire la planète, c’est maintenant à Dieu de la sauver ! Est-il meilleur exemple de déresponsabilisation ?
On sait que pour le protestantisme, dont les États-Unis sont une essentielle expression, la justification de l’homme aux yeux de Dieu se fait non par les actes du premier, mais par sa seule foi, ainsi que par la seule grâce libéralement octroyée par le second – soit à quelques uns seulement (particularisme, position de Calvin), soit à tous (universalisme, position du protestantisme libéral). Cette position refuse à l’homme tout mérite procuré par l’action, même s’il voulait améliorer une situation qui est de son fait. Tout le monde s’accorde en effet pour penser que la dégradation du climat a une origine humaine, anthropique. Que penser alors, si l’homme ne peut utilement corriger lui-même ce qu’il a causé ?
Cela peut mener à une démission et à un laisser-faire : on laisse les choses perdurer, en attendant que Dieu y porte remède. Et cela peut justifier les intérêts égocentriques des divers états, qui peuvent y trouver un alibi pour leur inaction. Certains chrétiens états-uniens disent même que plus les choses iront en se dégradant, plus sera proche l’avènement du Jugement dernier, où l’on verra le tri des coupables et des élus, ce qu’on appelle la moisson eschatologique. Attendons donc l’Apocalypse, en nous croisant les bras.
Combien Luther aurait été mieux inspiré en ne méprisant pas l’Épître de Jacques, où on lit que la foi sans les œuvres est morte ! Il a fait là une infidélité à la « Seule Écriture ». En regard, les Jésuites chez nous ont donné une part non négligeable à la liberté humaine dans l’économie du salut. Le christianisme orthodoxe aussi dit qu’il doit y avoir entre l’homme et Dieu une collaboration, une synergie. Pourquoi dire alors que tout dépend de Dieu et rien de l’homme ? Il suffit d’écouter ici le proverbe : Aide-toi, et le Ciel t’aidera !
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