C |
e petit reptile bien inoffensif n’a rien apparemment qui puisse inspirer de grandes pensées, et je ne pensais pas jusqu’à présent qu’il pourrait me mener à réfléchir sur un épisode évangélique.
Pourtant c’est ce qui s’est produit. Je viens de lire dans Wikipedia qu’une variété, le lézard basiliscus, peut courir sur l’eau sur de courtes distances, et que pour cette raison on l’appelle « Lézard Jésus-Christ ». À l’origine de cette capacité, la combinaison d’une vitesse de onze kilomètres par heure et de la forme de ses pattes qui lui permettent de créer des bulles d’air à la surface de l’eau et de s’appuyer dessus avant qu’elles éclatent. Pour qu’un être humain puisse faire la même chose, il faudrait qu’il coure à environ 110 kilomètres par heure et qu’il possède des muscles quinze fois plus puissants.
Peut-être Jésus était-il lui-même dans ce cas ? C’est la question qu’un littéraliste pourrait se poser. L’épisode de Matthieu 14/25-31 nous le montre marchant à la surface d’un lac. Laissant mon lézard, j’ai relu l’épisode. Et je me suis dit que le littéralisme ici ne menait pas très loin, sauf à exposer à la noyade ceux qui voudraient eux-mêmes faire l’expérience.
Cela s’est vu paraît-il sur une plage de Libreville où un jeune pasteur d’une église pentecôtiste s’est noyé en voulant marcher sur l’eau à l’image du Maître, selon plusieurs sites Internet qui ont relayé cette information mais dont je ne connais pas la fiabilité. De toute façon, que cela soit bien survenu ne m'étonnerait pas du tout.
Mais peu importe ! Il me paraît bien étrange que le même Jésus qui refuse tout miracle dans sa Tentation au désert ait pu réellement ici en faire un. À l’évidence, le sens est symbolique. À Pierre qui s’élance vers lui, et qui a peur de se noyer, Jésus répond : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » (v.31)
En effet ce qui cause nos noyades dans nos vies est le manque de confiance. Comme lorsqu’on perd un équilibre physique que l’on pourrait tenir naturellement, simplement par la pensée, par la peur de le perdre, l’intervention intempestive du mental qui parasite tous nos élans. Comme dit R-W. Fassbinder : « La peur dévore l’âme. »
Brave lézard, qui m’a mené à une conclusion essentielle : c’est de la peur qu’il faut avoir peur, et non d’autre chose !
[v. Confiance]
> Article paru dans Golias Hebdo, 15 mars 2018
Voir aussi :
Miracle (suite 2) - Le blog de michel.theron.over-blog.fr
Je viens de lire sur un site universitaire une analyse scientifique du miracle de Jésus marchant sur l'eau (sciencespourtous.univ-lyon1.fr). On rappelle le principe d'Archimède, selon lequel tout...
commenter cet article …