L’Occident s’étonne que son modèle et ses valeurs ne soient pas facilement acceptés par les autres pays. C’est un fait que leur importation en terre étrangère n’est pas automatiquement réalisable, comme on l’a vu par exemple dans les pays où les États-Unis ont voulu par les armes apporter la liberté.
À cela il y a deux réponses. D’abord dans les vieux pays d’Europe la démocratie a mis beaucoup de temps à être acceptée : plusieurs siècles. Elle s’est heurtée à beaucoup de résistances et d’intérêts tenant au poids du passé. Il ne faut donc pas s’étonner qu’elle ne puisse l’être très rapidement dans de nouveaux pays. En toutes choses il faut laisser du temps au temps.
Ensuite se pose le problème de l’image que les pays démocratiques donnent à ceux qui les voient de l’extérieur. Elle n’est pas toujours parfaite, et ces pays ont beau jeu à dénoncer le hiatus qu’il y a entre ce qu’ils constatent effectivement et les valeurs qu’on leur claironne.
La démocratie pour bien fonctionner suppose ce que Montesquieu appelait la « vertu », nous dirions aujourd’hui le civisme. C’est le sentiment de l’intérêt public, auquel doivent toujours se subordonner les revendications particulières. La perception aussi que la liberté n’est pas la licence, que seule la loi peut la garantir en punissant les écarts, et que tout droit suppose un devoir qui lui est indissolublement lié, en vertu d’un contrat tacite liant l’individu à son prochain.
Or on constate aujourd’hui un repliement dans les démocraties occidentales sur la sphère privée. Le civisme est remplacé par l’individualisme. Le citoyen devient un consommateur, et l’usager un client, signifiant la fin du service public. La seule norme admise est l’intérêt de chacun. Et la seule valeur reconnue devient l’argent. On voyait bien pourtant dans le film Good Bye Lenin que les liens sociaux existaient dans la feue Allemagne de l’Est, même si le régime était liberticide.
Pour peu que se greffe là-dessus la fin de la morale traditionnelle du Devoir, au nom d’un relativisme subjectiviste, on comprend bien qu’à regarder l’ensemble du tableau certains puissent penser que l’Occident a renié ses valeurs. C’est le cas par exemple de Vladimir Poutine.
Bien entendu je ne partage pas la haine qu’il a pour l’Occident, pas plus que j'approuve le régime qu’il a mis à la place. Simplement je cois qu’il faudrait que nous ayons plus de modestie quand nous vantons notre propre modèle.
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