Elle est le fait de la ville de Calais, ainsi que peut-être, au-delà, du gouvernement, pour ce qui concerne le traitement des demandes d’accueil des réfugiés ukrainiens et des migrants non européens. En effet on réserve aux premiers un accueil beaucoup plus favorable qu’aux seconds, comme par exemple un hébergement immédiat en auberge de jeunesse, l’accès à des repas, ou des facilités pour leur prise en charge administrative. Le président de l’association caritative L’Auberge des migrants envisage de porter plainte en dénonçant comme un délit ici différents niveaux de solidarité. (Source : francebleu.fr, 08.03/2022)
Sur le fond il a évidemment raison, notre droit punissant le traitement inégal entre des personnes de couleur de peau, de religion ou de sexe différents. Cependant ce traitement inégal peut s’expliquer ici, je ne veux pas dire bien sûr qu’il se justifie, et qu’il ne faut pas agir pour le supprimer.
Les réfugiés ukrainiens bénéficient de l’énorme médiatisation de la guerre et du déluge d’images qui nous en parviennent ; ils se composent en très grande partie de femmes et d’enfants, ce qui augmente l’empathie qu’on éprouve à leur égard ; ils viennent d’une région plus voisine de la nôtre que le Moyen-Orient par exemple ; ils sont de religion chrétienne, ce qui nous les fait sentir très proches de nous ; et enfin ils ont la même couleur de peau que nous. Les migrants non européens au contraire n’ont pas les mêmes caractéristiques.
Il est certain qu’un être humain ne se définit pas par ses spécifications particulières, mais seulement par sa participation générale et abstraite à l’humanité. Il faut le « décaractériser », le voir pour ainsi dire nu. Le christianisme par exemple, avec la belle parabole du Bon Samaritain, montre que le prochain est celui qui m’est proche, quel qu’il soit. La parole de Jésus se sépare ici des religions ethniques, comme le judaïsme, où le prochain est le coreligionnaire. On devient chrétien par l’écoute d’une Parole, et non par les liens du sang, comme dit le Prologue de l’évangile de Jean. Le christianisme dans son essence est universaliste, il n’est pas spécificateur ou communautariste.
Malheureusement dans la pratique cette position d’ouverture est parfois difficilement tenable, comme on le voit par la discrimination susdite. Souhaitons que cette question qui touche aux tréfonds mêmes de l’être de chacun puisse un jour être résolue.
***
> Pour voir tous mes livres édités chez BoD, cliquer : ici.