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lle me semble le fait de l’Église catholique allemande, qui vient d’excommunier tous ceux qui ne paient pas l’impôt religieux traditionnel, comme le rapporte le quotidien Die Welt.
Ce décret a reçu la bénédiction du pape, et est entré en vigueur à partir du 24 septembre dernier (Source : Slate.fr, 22/09/2012).
Je sais bien qu’en Allemagne, comme chez nous en Alsace, on considère les ministres du culte, catholiques et protestants, comme des fonctionnaires, et qu’ils sont à ce titre rémunérés par l’État. Chez nous cela s’appelle le système du Concordat. Outre-Rhin, un impôt spécifique est prélevé sur les fidèles. Et certes il y a une certaine logique à dire à ceux qui ne le paient pas qu’ils ne peuvent bénéficier des prestations offertes par l’Église : on ne peut pas, comme on dit vulgairement, avoir le beurre et l’argent du beurre, ne pas payer et vouloir encore bénéficier des cérémonies, des bénédictions, de l’encens, des musiques, etc.
Cependant cette façon de voir a des aspects fort contestables. Quid du fonctionnariat en matière de ministère ? Drewermann a bien justement critiqué les clercs vus de cette façon dans son livre Fonctionnaires de Dieu. L’Église n’apparaît ici que comme un prestataire de services tarifés. Or c’est contre cela précisément que Luther s’était dressé, contre le risque de simonie, c’est-à-dire le fait de trafiquer des services sacrés.
L’Église, me semble-t-il, doit quasiment par définition être accueillante à tous, et ses services devraient être gratuits. D’une part parce que certains sont trop pauvres pour les rémunérer. Et de l’autre par principe : Dieu ne fait exception de personne, il fait lever son soleil sur les justes et les injustes, et dans sa maison pas plus qu’ailleurs on ne peut le servir au même titre que Mammon.
L’Église catholique allemande fait preuve ici, outre de cupidité, d’une rigueur inflexible. Elle manque de charité, et on peut voir dans son décret une forme de chantage.
Cet exemple montre, a contrario, qu’on ne vantera jamais assez la laïcité. Elle rend à César ce qui lui appartient, et à Dieu ce qui est à Dieu. Le denier du culte chez les catholiques français est une contribution volontaire et gratuite : on donne librement, on ne s’acquitte pas d’un impôt. Il ne faut pas faire intervenir un contrat calqué sur ceux de la société civile là où il ne devrait y avoir qu’un élan spontané du cœur.
Article paru dans Golias Hebdo, 11 octobre 2012
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Ce texte est extrait d'un des deux tomes de mon ouvrage Chroniques religieuses. Pour plus de détails sur ces deux livres, cliquer: ici.
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