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elle de certains journalistes est immense. Ainsi s’étonnent-ils souvent du fait que le pape ne veuille pas ordonner prêtres des femmes, ou bien ouvrir le mariage aux couples homosexuels. C’est oublier, au nom d’un sentimentalisme irréfléchi, le vrai fondement de ce Non possumus ecclésial.
Il est théologique. Le prêtre dans l’église catholique est un sacrificateur, on le voit très bien dans l’Offertoire de la messe. Il s’y agit d’offrir en sacrifice une victime (latin hostia, d’où : « hostie ») sur un autel (latin altare) qui est bel et bien le lieu de l’immolation. Cette victime propitiatoire est offerte à Dieu pour la rédemption des péchés de la communauté.
Or ce rôle de sacrificateur ne convient pas à une femme. Dans les campagnes, traditionnellement c’est l’homme qui sacrifie la bête, et la femme se contente de recueillir le sang. En Corse, lorsqu’une femme veut pratiquer la vendetta, elle se déguise en homme. Cette interdiction d’accès à la prêtrise pour les femmes est donc de principe. Elle n’a rien à voir avec une discrimination antiféministe.
Elle ne vaut évidemment pas pour d’autres confessions religieuses. En judaïsme il peut y avoir des femmes rabbins, car ce mot signifie seulement : « enseignant ». Et de même dans le christianisme protestant il peut tout à fait y avoir des femmes pasteurs, car le sacrement de l’eucharistie au sens catholique du mot n’y existe pas, et le pasteur n’est là encore qu’un enseignant et un guide spirituel de la communauté.
Pareillement pour le mariage des homosexuels. Notre dernier pape a bien marqué sa sympathie et sa compréhension envers eux, mais pas question de leur ouvrir le mariage, qui en droit canonique est fait pour donner existence à une famille qui devra procréer et élever les enfants. En forçant le trait, on pourrait dire que l’amour n’a rien à voir là-dedans.
Ne confondons pas les perspectives, un fondement canonique et juridique, dont notre Code civil d’ailleurs n’était jusqu’ici pas loin, et des considérations affectives qui, pour être à la mode maintenant, n’ont rien à voir avec lui.
Cela étant, on peut vouloir tout changer. Mais encore faut-il savoir exactement ce contre quoi on lutte, il faudra revoir beaucoup de textes fondateurs de beaucoup de pratiques très anciennes, et l’ignorance ici n’est pas une bonne conseillère.
Article paru dans Golias Hebdo, 15 août 2013
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Ce texte est extrait d'un des deux tomes de mon ouvrage Chroniques religieuses. Pour plus de détails sur ces deux livres, cliquer: ici.
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