Elle perdure à notre époque. Ainsi je viens de lire sur un site chrétien un article élogieux sur le footballeur Olivier Giroud, assorti d’une photo du joueur les doigts pointés vers le ciel, après avoir marqué le premier but français contre la Pologne, en huitième de finale de la Coupe du monde (infochrétienne.com, 5 décembre 2022).
On vante la « résilience » et la « foi » de ce chrétien évangélique qui arbore un tatouage d’un verset du psaume 23 sur son bras droit et une croix sur le gauche. Il a coutume après chaque but marqué de s’agenouiller sur la pelouse, les mains levées vers le ciel, pour rendre gloire à Dieu et lui dédier ses exploits.
Mais ce type de comportement est il religieux ? Il suppose que Dieu intervient dans les affaires humaines pour récompenser celui qui a mis sa confiance en lui et se soumet à ses commandements, et châtier celui qui ne le fait pas, en vertu du contrat passé sur le Sinaï. Il est synallagmatique, basé sur un échange entre les deux parties : je te gratifie si tu m’obéis, et je te punis dans le cas contraire. C’est effectivement une vision religieuse, conforme à une étymologie de religion : ce qui lie (religare).
Mais à mon avis c’est plutôt une superstition. Car si on pense que Dieu a besoin de notre sujétion et de nos remerciements constants, on se fait de lui une image humaine, on lui prête un sentiment humain peu reluisant, un incessant appétit d’applaudissements. En outre, si Dieu a ce sentiment-là, il n’y a aucune raison qu’il n’en ait pas d’autres aussi, comme du mépris pour des créatures si viles qu’elles passent leur vie à s’humilier ainsi devant lui.
Heureusement, à mon sens, il y a une autre façon de considérer la religion, suggérée par une seconde étymologie possible de ce mot, autorisée par le grand Cicéron, ce qui n’est pas rien. Religion viendrait de relegere, recuellir et relire. Il s’agit alors de revisiter un héritage reçu, fait de textes dont certains (pas tous) sont véritablement instituants, nous faisant grandir en humanité. C’est cette façon de voir la religion que j’ai développée dans mon livre La Source intérieure (BoD, 2018). Elle convient à mon sens davantage à des adultes mûris, et non à des enfants qui ne grandissent jamais, soumis à un Dieu qu’ils voient tantôt comme un Père Noël, tantôt comme un Père Fouettard.
Voir aussi, sur Olivier Giroud :
Infantilisme - Le blog de michel.theron.over-blog.fr
Je viens de recevoir une publicité pour le dernier numéro du magazine Jésus !, dont le rédacteur en chef a été le footballeur Olivier Giroud. Sa photographie figure en gros plan en couverture...
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