Aux États-Unis vient d’être initiée une campagne pour « réhabiliter l’image de Jésus ». Ainsi le 12 février dernier deux publicités ad hoc ont été retransmises lors du Super Bowl, le rendez-vous sportif le plus suivi de l’année, s’inscrivant dans une campagne d’un milliard de dollars pour « réhabiliter l’image » du Christ outre-Atlantique. Une photo d’une d’elles montre une gigantesque banderole publicitaire lumineuse projetée sur un immeuble et portant mention de la venue de Jésus (Source : la-croix.com, 08/02/2023).
Ce m’est ici l’occasion de réfléchir sur l’image des choses, opposée au discours qu’on fait sur elles. La première séduit, sidère ou hypnotise à l’occasion, mais seul le second fait réfléchir. Ce n’est pas pour rien que la publicité utilise essentiellement l’image : elle ne vise pas à faire réfléchir, car si l’on réfléchit, on n’achète pas.
S’agissant de Jésus, son discours a été vite recouvert par un storytelling rapportant ses faits et gestes supposés, au point que s’est installé à son propos tout un imaginaire propre à faire rêver certes, mais propre à faire oublier son message initial. La Bonne nouvelle du Christ (Evangelium Christi) a été remplacée par la Bonne nouvelle au sujet du Christ (Evangelium de Christo). Au lieu de méditer sur des paroles, on a été séduit par des représentations. On s’est occupé ensuite d’imiter sa vie à partir des images qu’on s’en est faites (image est de la famille d’imitation). L’Imitation de Jésus-Christ illustre ce mouvement, dans lequel l’image de la personne recouvre facilement son langage même. Et là on est proche de la publicité, de l’actuelle civilisation médiatique, où l’essentiel comme l’a dit Mac Luhan n’est pas le message, mais le medium lui-même.
Les disciples de Jésus son sont mués en son fan club, dévoué à son idole : on l’a célébré sans trop réfléchir sur ce qu’il avait dit. De cette jésulâtrie, on peut penser que le Maître n’eût pas voulu. Il a été victime, au sens propre, d’un malentendu. On peut le voir en effet comme un rabbin marginal, mais toujours orthopraxe : « Pourquoi m’appelez vous ‘Seigneur, Seigneur’, et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Luc 6/46)
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