Notre Président ne manque pas une occasion de tenir des discours qui vont à l’encontre de ceux que ses homologues étrangers, amis et alliés, pourraient attendre de lui. Ainsi, revenant de Chine, il a dit dans l’avion à des journalistes qu’il ne fallait pas que les pays européens deviennent des « vassaux » des États-Unis d’Amérique. Ces propos, où beaucoup ont vu un non-alignement en matière de politique étrangère, ont suscité une violente réaction de la part des États-Unis alliés de l’Europe et aussi des autres pays européens, dont au premier chef la Pologne. (Source : la-croix.com, 11/04/2023)
On se demande quelle mouche pique périodiquement le président, pour tenir ainsi des propos si peu diplomatiques, et en tout cas sans opportunité dans la situation géopolitique présente. Déjà fin 2019 il avait dit que l'OTAN était en état de « mort cérébrale », quitte à conforter par là Vladimir Poutine dans son projet d'envahir l'Ukraine. Au printemps de l’an dernier il a averti qu’il ne faut pas « humilier la Russie ». Et il y a peu, en décembre dernier, il a ajouté qu’il faut la rassurer, en lui « donnant des garanties pour sa propre sécurité ». (Voir là-dessus mon billet paru dans Golias Hebdo, 22/12/2022)
On comprend aujourd’hui la réaction des États-Unis, si l’on pense qu’ils contribuent à la sécurité même de l’Europe en aidant l’Ukraine. Mais plus que le fond des déclarations présidentielles ce qui compte est qu’il y a certains cas où nécessité fait loi, et où on ne peut pas être très regardant quand il s’agit de choisir son camp. Comme dit Aragon à propos des résistants : « Quand les blés sont sous la grêle / Fou qui fait le délicat ! / Fou qui songe à ses querelles / Au cœur du commun combat ! »
Le Président est-il naïf ? C’est un fait que dès le lendemain de ses entretiens avec Xi Jinping avec qui il a pris le thé, et dont il a pu sortir flatté, la Chine encerclait militairement Taïwan. Il accorde toujours beaucoup d’importance à l’affinité personnelle dans les relations, mais il ne faut pas mélanger les domaines, et une éventuelle affinité ne pèse rien à côté de l’intérêt de chacun et la realpolitik.
Il veut incarner une posture gaullienne, mais c’est à contretemps : la Chine de maintenant, par exemple, n’a rien à voir avec ce qu’elle était à l’époque du Général. Se prendre pour le chef de l’Europe, vouloir parler au nom de celle-ci, flatte sans doute son ego, mais aussi peut l’aveugler. Finalement son propos a servi la Chine, et face à Xi Jinping il pu jouer le rôle du Corbeau naïf devant le Renard flatteur, dans la fable éponyme.
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