La nouvelle ministre de l’Éducation, à peine entrée en fonctions, connaît de sérieux déboires. Elle a avoué avoir retiré ses enfants de l’école publique pour les mettre dans une prestigieuse et très conservatrice école privée catholique, en raison de sa « frustration » devant « les paquets d’heures » d’enseignement « qui n’étaient pas sérieusement remplacées » dans l’Enseignement public, lors des absences de professeurs. Dans un premier temps, devant le tollé provoqué par ces propos, elle a dit simplement « regretter » d’avoir pu choquer « certains » de ces derniers. Ensuite, sous la pression, elle a décidé de s’excuser publiquement, remplaçant donc « certains » par « tous ». Mais ces excuses de mauvaise grâce n’ont pas suffi. En effet, le personnel de l’école publique qu’elle a stigmatisée l’a accueillie sous les huées quand elle s’y est rendue pour présenter ses excuses, et il a témoigné qu’il n’y avait pas eu au sein de l’établissement les absences qu’elle dénonçait. Elle a donc ajouté à sa critique, pour la justifier, un vrai mensonge.
Tout cela a justifié le dépôt d’une plainte en diffamation déposée le 16/01/2024 devant la Cour de Justice de la République par le Syndicat national des agents publics de l’Éducation nationale (SNAPEN).
Il me semble qu’un ministre, en tant que personne chargée de gérer un organisme public, doit faire preuve d’exemplarité. On ne peut pas défendre cet organisme, et en même temps le décrédibiliser aux yeux de l’opinion. Que penserait-on d’un directeur des ventes, chargé de faire la promotion d’un produit, qui dirait qu’on en trouve un meilleur chez un concurrent ? La ministre a-t-elle informé celui qui l’a nommée de son choix passé pour l’enseignement privé ? Si oui, pourquoi a-t-elle été nommée ? Et aussi et surtout, pourquoi a-t-elle ajouté ensuite un mensonge à des propos dépréciateurs, hostiles à ce qu’elle devait défendre et protéger ?
La caste politique se déshonore à ne plus pratiquer l’exemplarité, qui devrait être la colonne vertébrale de la démocratie. Elle se plaint de la défaveur et de l’irrespect qu’elle rencontre auprès des citoyens. Mais précisément le respect se mérite, et pour respecter quelqu’un il faut qu’il y ait une cohérence entre sa position et ses actes, il faut qu’on le sente respectable. Est-ce le cas, quand sa conduite revient à un : « Faites ce que je vous dis, mais ne faites pas ce que je fais » ?
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