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lle caractérise semble-t-il le catholicisme, comme l’indique, dans un article du 2 juillet 2015, le site Internet de Témoignage chrétien (« Il y a une souplesse typiquement catholique »).
Tandis que le protestantisme ne transige pas avec les principes, le catholicisme admettrait en tout domaine des accommodements. Les questions évoquées dans l’article sont très diverses : homosexualité, avortement, etc. Mais toutes montrent la différence qu’il y a entre les injonctions romaines, intransigeantes, et les comportements locaux, beaucoup plus laxistes.
Comme toujours, cette question est très complexe. Le protestantisme a pour lui la pureté des principes. On sait que c’est contre la simonie de l’Église romaine, le trafic des Indulgences, que Luther s’est dressé en son temps. Il voulait une cohérence totale entre le discours et la pratique. Cette position critique et réprobatrice est nécessaire, sans doute, pour prévenir les abus inhérents au fonctionnement de toute Institution.
Cependant la pureté protestante a son revers : cet idéal de transparence totale peut mener à une sorte de totalitarisme du groupe, broyant l’individu. Ne pas mettre des rideaux aux fenêtres de sa maison, pour montrer que l’on n’a rien à cacher, est dangereux, à la fois au propre et au figuré. Car qu’en est-il de l’intimité, si l’on vit toujours sous le regard des autres ? On risque d’en être paralysé, coupable potentiel.
Le catholicisme est peut-être plus prudent, quand il admet le droit à une certaine obscurité ou opacité. La nature humaine est ainsi faite, qu’on répugne à s’exposer tout nu au regard de tous.
Le grand mérite du protestantisme a été, d’autre part, de revenir aux textes de base, débarrassés des commentaires du magistère. Mais vouloir revenir à la Seule Écriture, sans l’écran de la Tradition, c’est oublier que l’Écriture elle-même, telle qu’elle nous est parvenue, est le résultat d’une Tradition, qui elle-même vient d’une Sélection...
C’est bien un fait en tout cas que les protestants, en général, lisent beaucoup plus que les catholiques. Mais ces derniers préfèrent s’abriter derrière ce que disent leurs bergers, et se contentent très souvent des actions concrètes, caritatives...
Faut-il trancher ? Je songe à la querelle des Jansénistes et des Jésuites, mise en scène dans les Provinciales de Pascal. Que choisir, entre la pureté morale revendiquée des premiers et les accommodements pratiques des seconds, bel exemple de souplesse ?
[v. Jésuite]
Article paru dans Golias Hebdo, 17 septembre 2015
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Ce texte est extrait d'un des deux tomes de mon ouvrage Chroniques religieuses. Pour plus de détails sur ces deux livres, cliquer: ici.
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