Beaucoup d’organismes officiels signalent une nette recrudescence ces temps derniers des actes racistes en France. Comme nous sommes dans une période d’élections, avec un climat politique extrêmement haineux, beaucoup de commentateurs font le lien entre ces actes et l’idéologie des deux partis extrémistes en présence, qui peut en favoriser la survenue. Je pense qu’ils n’ont pas tort, une si grande augmentation ne pouvant survenir fortuitement.
Mais je crois qu’il faut avant même toute dénonciation analyser comment le racisme se produit. Il me semble qu’il existe dans tout homme, enfoui dans le plus profond de son être, et que c’est là qu’il faut le débusquer. Bien sûr il est facile de pétitionner, de défiler en cortège, de se draper dans de grands idéaux humanistes, bref de supposer pour soi la question du racisme depuis longtemps résolue, de la voir derrière soi. Mais si elle était encore et toujours en soi ? Il en est du racisme comme du fascisme. Tel homme qui le stigmatise en public, qui nous dit qu’en privé il ne se comporte pas comme un petit chef, terrorisant sa femme, ses enfants, ou au moins son chien ? Qu’il ne se comporte pas comme ceux-là mêmes qu’il dénonce ?
Ne soyons pas angéliques. Le racisme habite en tout homme. Et c’est l’honneur de ce dernier d’en affronter face à face le hideux visage, pour triompher finalement de ses séductions. Là est son combat, une lutte intérieure de tous les instants, dont l’issue n’est jamais assurée une fois pour toutes.
Mais quand des démagogues jouent sur cette fibre, alors l’homme peut s’estimer dégagé de l’obligation de ce combat. Et il peut ouvrir la porte à tout un flot nauséabond de sollicitations, paroles et actes, puisque pense-t-il après tout d’autres que lui font de même, et ce faisant le dispensent de s’examiner. C’est l’effet de meute, visible par exemple sur les réseaux sociaux. Au lieu de se mettre en question soi-même, et ainsi de s’élever, on suit la pente des pulsions élémentaires, où l’on se rabaisse et finalement se noie. Tant il est facile de reporter sur autrui la méfiance qu’on devrait avoir vis-à-vis de soi !
Les responsables sont sans doute moins ceux qui se livrent à ces actes que ceux qui leur ont permis de se manifester, en assurant implicitement leurs auteurs de l’impunité. Ce sont des apprentis sorciers, véritablement criminels : « Qui sème le vent récolte la tempête » (Osée 8/7).
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