J’ai regardé avec grand intérêt les deux émissions passées sur Arte, dans la soirée des samedis 10 et 17 octobre derniers, intitulées : « Quand Homo sapiens peupla la planète ». Il a été dit que le brassage et le mélange des populations étaient très bénéfiques à la survie et au développement d’un groupe, d’un point de vue génétique et pour servir l’évolution. À l’inverse, l’isolement, le manque de contact et de relation avec les autres, condamnent un groupe à l’étiolement et à la disparition progressive, du fait par exemple de la consanguinité inévitable dans sa reproduction. On a cité le cas des occupants de l’Australie, qui furent desservis par l’insularité de leur pays, et qui n’ont dû de perdurer jusqu’à nos jours qu’aux relations qu’ils ont tout de même pu trouver avec certains groupes assez éloignés d’eux. S’il n’y avait eu ce contact et ces échanges, ces aborigènes auraient purement disparu.
Cela m’a fait penser au cas des habitants de Sodome, qui furent détruits par Dieu précisément pour leur refus de s’ouvrir à d’autres qu’eux-mêmes, à la différence qu’il y avait entre eux et les autres (Genèse 19/1-29). Initialement d’ailleurs les vrais sodomites ne sont pas les homosexuels, comme on l’a dit plus tardivement, mais ceux qui pratiquent l’inhospitalité.
Ce refus de l’autre, ce repliement sur soi, sont très répandus. Je pense à tel programme de tel parti aujourd’hui, qui prône la préférence nationale contre un cosmopolitisme honni : « Je préfère mes enfants à mes neveux, mes compatriotes aux européens, et les européens aux citoyens du monde. » On oublie que quand on reste entre soi, on s’atrophie et finalement disparaît.
À ce programme, il faut opposer celui exposé par Montesquieu dans ses Pensées : « Si je savais quelque chose qui me fût utile et qui fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose qui fût utile à ma famille et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l’oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’Europe, ou bien qui fût utile à l’Europe et préjudiciable au genre humain, je la regarderais comme un crime. » C’est le remède à toute xénophobie.
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Nota : Un recueil de toutes les chroniques précédentes, que j'ai données à Golias Hebdo de fin décembre 2008 à début mars 2014, est disponible en version enrichie, avec regroupement thématique des notions, et assorti de nombreux liens internes et externes facilitant son exploitation, sous forme de livre électronique multimédia :
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