La récente décision d’Emmanuel Macron de reporter les annonces du plan anti-pauvreté à la rentrée pour cause de mondial de football me semble totalement inadmissible et indécente. En somme, le président est plus occupé par la demi-finale impliquant l’équipe de France, à laquelle il devait assister à Saint-Pétersbourg le 10 juillet, que par le sort des pauvres de notre pays. Ces derniers apprécieront...
Finalement, qu’est-ce qui selon ce gouvernement intéresse nos concitoyens ? Les vacances d’été, le foot et le Tour de France. « Pendant la période estivale, vous n’êtes plus audibles, les Français ne sont pas réceptifs » a plaidé Bruno Roger-Petit, le porte-parole de la présidence. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, sur LCI mercredi 4 juillet a même lié le sort du plan pauvreté aux résultats des Bleus (Source : leparisien.fr, 06/07/2018).
Certains se demandent si la raison invoquée pour le report de ce plan est bien la vraie raison, son financement n’étant pas encore assuré (même source). Mais reste le pitoyable argument évoqué, riche de toute une pensée implicite : qu’importent les pauvres, pourvu que les Français oublient leur sort et se passionnent pour des millionnaires en short, dont le salaire est une insulte à ce qu’ils gagnent eux-mêmes, si encore ils ont du travail ! Le sidérant, c’est qu’on avance cet argument du désintérêt sans vergogne aucune, comme s’il allait de soi, et on oublie la disproportion abyssale qu’il contient.
De deux choses l’une. Ou bien c’est le cas, les Français ne considèrent pas comme primordial le problème de la pauvreté, le foot est bien cet « opium du peuple » dont parlait naguère Jean-Luc Mélenchon, et alors nos contemporains sont tombés bien bas : le général de Gaulle parlait de « veaux » à leur sujet. Ou bien ce n’est pas le cas, les Français ne sont pas à ce point avachis et inconscients qu’ils ignorent la vraie importance d’un problème social, et alors nos gouvernants vont preuve vis-à-vis d’eux d’un incommensurable mépris. Quelle image s’en font-ils, pour ainsi les traiter ? En fait, le peuple attire toujours les démagogues comme le miel attire les mouches.

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