Il est important, car il peut constituer une partie de la personne qui le porte. Traditionnellement il était tiré de la liste des grandes figures passées. Ainsi de César, Alexandre, etc., pour les personnages historiques. Et de Jean, Pierre, etc., pour les personnages religieux, parfois légendaires, mais auxquels un grand souvenir restait attaché par tradition. Les hauts faits des saints et martyrs en Église étaient racontés dans la médiévale Légende dorée de Jacques de Voragine. C’était un trésor pour l’imaginaire, un tremplin pour les rêves, un enrichissement indéniable de l’âme. D’ailleurs en monde catholique, je l’atteste, on considérait la fête du saint patron comme aussi importante que l’anniversaire. Au reste, si on n’avait pas d’idée alors pour donner un prénom à un enfant, on pouvait l’appeler Toussaint...
Tout cela a bien changé aujourd’hui. On ne met guère de borne pour le choix des prénoms. Le nom de la vedette de telle série télé en vogue remplace aisément celui du saint traditionnel. Mais le pompon a mon avis vient d’être remporté par un couple de Brive-la-Gaillarde (Corrèze), visiblement amateur de football, qui a voulu prénommer son fils « Griezmann Mbappé » en hommage aux deux joueurs de l’équipe de France récemment championne du monde. Heureusement l’officier d’état civil chargé d’enregistrer ce prénom n’a pas voulu le faire et a saisi le procureur de la République. Cinq mois après la naissance de l’enfant, un juge aux affaires familiales vient de refuser l’emploi d’un pareil prénom (Source : AFP, 17/03/2019).
D’abord on se demande s’il y a bien une limite à la bêtise. Tout au contraire il semble qu’elle donne une idée de l’infini. Ces parents n’étaient que foncièrement narcissiques, et n’ont pas eu égard au dommage qu’ils infligeaient ainsi à leur enfant, et qui aurait pu le suivre pendant toute sa vie.
Ensuite on reste rêveur devant ce qui intéresse les gens au point de produire ce fol engouement. Pourquoi n’avoir que le football en tête, alors que ces incultes millionnaires en short qui s’agitent sur une pelouse sont une insulte à ce que gagne un citoyen moyen, si encore il n’est pas chômeur ? Et pourquoi transmettre cette aliénation à un enfant ?
Valéry avait bien raison quand il disait qu’un homme vaut ce qu’il veut. On a aujourd’hui les idoles qu’on mérite. Dis-moi qui tu vénères, je te dirai qui tu es.

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