La Pénitencerie apostolique, le tribunal du Vatican chargé des questions de conscience, vient de publier une note approuvée par le pape rappelant le caractère absolu du secret de la confession. Elle précise que son « inviolabilité (…) provient directement du droit divin révélé et plonge ses racines dans la nature même du sacrement, au point de n’admettre aucune exception ». Ce secret relève de « l’essence même du christianisme et de l’Église », de par la volonté du Christ de sauver les hommes et d’utiliser, pour ce faire, des prêtres par lesquels il agit en personne. Et parce qu’agissant « in persona Christi », les prêtres ne peuvent « en aucune manière », révéler ce qui leur a été confié en confession (Source : La-Croix.com, 01/07/2019).
Cette position a une certaine logique en elle-même : s’il n’était pas sûr du secret de la confession, nul n’irait se confesser. On pense aussi au secret médical, spécialement celui confié au psychiatre ou au psychanalyste. On le confierait moins si l’on pensait qu’il peut être divulgué.
Cependant un conflit peut se poser ici : celui qui reçoit le secret peut tomber sous le coup de la loi pour non-dénonciation de méfait ou de crime, ou pour non-assistance à personne en danger. Il me semble pourtant que ce type de conflit est moins difficile à résoudre si le secret n’est pas absolutisé et inconditionnel, se prévalant comme dit l’Église d’une origine « divine ».
Chez elle, le sacrement de pénitence (ou par euphémisme de réconciliation) donne au prêtre le pouvoir discrétionnaire d’absoudre les péchés : Ego te absolvo, etc. S’appuyant sur certains passages évangéliques (Matthieu 16/19 ; Jean 20/23), il est admis par les catholiques et les orthodoxes. Mais les réformés l’ont refusé sans doute à cause des abus qu’il permettait, inhérents à tout sacrement (chantage possible, par exemple). Un pasteur ne dirait pas : « Je t’absous », mais seulement : « Que Dieu te pardonne ! » Cette position, il me semble, n’est pas la plus sotte.
Et pourquoi seul le prêtre aurait-il le pouvoir de confesser ? Dans L’Ingénu, le Huron de Voltaire, après s’être confessé, veut lui-même confesser son confesseur. En quoi il est fidèle lui aussi à l’Écriture : « Confessez-vous donc vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin d’être guéris. » (Jacques 5/16) Dans ce cas le « secret » de la confession peut évidemment venir à la connaissance de tous.

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