De ce qu’un fait s’est sans doute déjà produit autrefois, on n’en peut pas faire une norme, en le banalisant.
C’est pourtant ce que vient de faire aux États-Unis le républicain Steve King, qui avait déjà fait parler de lui pour ses déclarations racistes en faveur du suprématisme blanc. Cet élu ultraconservateur, opposé à l’avortement dans toutes les circonstances, a de nouveau fait scandale, dans un discours prononcé le 14 août dernier dans l’Iowa, l’État qu’il représente au Congrès, en estimant que c’est grâce aux viols et aux incestes survenus au cours de l’Histoire que l’espèce humaine a survécu. « Et si on remontait tous les arbres généalogiques et qu’on en retirait ceux qui ont été le produit de viol ou d’inceste ? Est-ce qu’il resterait un humain dans le monde ? » s’est-il demandé. Parlant de lui-même, il a ajouté : « Vu toutes les guerres, tous les viols, tous les pillages qui ont eu lieu (...), je ne peux pas affirmer que je n’en suis pas le produit. » Évidemment ces déclarations ont horrifié, et pas seulement les démocrates. (Source : Francetvinfo.fr, 15/08/2019)
Il ne s’agit pas de nier ce type de faits, qui ont pu se produire dans l’histoire passée, et dont les mythes et récits se font l’écho dans les différentes cultures. Pour l’inceste, il n’est que de voir dans la Bible ce que font les filles de Loth, qui couchent avec leur père pour lui assurer une descendance. Et pour le viol, il suffit de considérer le rapt des Sabines par les Romains, qui n’ont pas chez eux assez de femmes pour maintenir l’existence de leur groupe – épisode raconté par Tite-Live et Plutarque.
Il est évident que dans ce cas la femme n’est qu’une matrice servant à la perpétuation de l’espèce. On pense à la phrase de Napoléon 1er à propos de Marie-Louise d’Autriche, dont il n’attendait qu’un rejeton : « C’est un ventre que j’épouse. »
Mais faut-il faire de cette instrumentalisation une règle générale ? Une chose est un événement qui a pu se produire, une autre est son absolution de type hégélien au nom d’une supposée utilité dans l'Histoire. La conscience humaine doit intervenir, c’est à elle d’édicter des lois. Si le fait lui répugne, il devient condamnable. Le droit dit très bien alors que nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude, et que l’abus ne supprime pas l’usage (abusus non tollit usum). C’est ce qu’a bien oublié notre personnage, pour qui seul le fait constaté vaut droit.

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