Un ancien article (15 avril 2021)
Celle du Christ est commémorée par les chrétiens à l’occasion de la fête de Pâques. D’un point de vue symbolique, elle correspond à celle de la végétation, qui renaît chaque année au printemps. L’œuf de Pâques aussi a la même fonction, car il contient en germe une future naissance.
À l’image de la résurrection du Christ, vue littéralement, certains croient qu’il en sera de même pour leur propre corps : après leur mort, ils renaîtront physiquement pour affronter le jour du Jugement. Cette vision du phénomène est attestée dans le Symbole des Apôtres, sous le nom de « résurrection de la chair ». Le Symbole de Nicée, lui, est beaucoup plus prudent, puisqu’il ne parle pas de la « mort » du Christ, en ne prononçant même pas ce mot.
Renaître corporellement est affaire de foi pure, et je me garderai bien de critiquer ceux qui l’ont. Cependant, pour certains esprits plus rationnels, une autre version de la résurrection est possible, une version symbolique. On pourrait parler d’un redressement spirituel, qui dans l’évangile selon Jean est gagé sur l’écoute d’une parole : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit en celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle ; il ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » (5/24) Les temps ici concernent uniquement le présent, et non pas le futur, le temps de ce Jugement à venir dont on nous a longtemps menacés.
Au reste, combien de fois mourons-nous déjà dans nos vies ! Pensons à toutes les blessures que nous avons reçues et qui ont laissé des traces au fond de nous, à tous les deuils que nous avons éprouvés, à toutes les ruptures dont nous avons été victimes, et qui souvent sont aussi meurtrières que la mort elle-même ! C’est merveille que de pouvoir s’en relever ! Couturés de cicatrices, sans espoir salvateur, combien un redressement est inattendu quand il se produit ! Le miracle de l’amour est que quelqu’un puisse nous aimer encore quand nous ne nous aimons plus.
Finalement la résurrection, vue ainsi, est simplement une capacité de résilience, qu’elle soit fondée sur la metanoïa ou conversion évangélique, ou simplement sur l’action réparatrice de la vie. Cette version (préférable pour moi) pourrait se résumer par cette formule de l’évangile selon Philippe : « Ceux qui disent que Jésus est mort, puis est ressuscité, se trompent. En vérité, il est d’abord ressuscité, et puis il est mort. »
Article paru dans Golias Hebdo, 15 avril 2021
commenter cet article …
Le blog de
Michel Théron