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n ne s’ennuie pas à lire la presse. Samedi dernier, lors de la Feria de Pampelune, quelque 150 personnes ont participé au grand concours du plus long lancer de noyaux d’olives.
Organisé depuis 2006, il a été remporté pour la première fois par un étranger, l’Australien Matt Davis, qui a propulsé son noyau à 16,36 mètres, soit l’équivalent de la longueur de quatre voitures. Il est recommandé aux personnes portant des dentiers de bien les fixer avant de lancer. Un conseil qui n’est pas anodin : par le passé, deux personnes âgées avaient lancé leur dentier en même temps que les noyaux, selon les organisateurs (Source : Le Progrès.fr, 13/07/2011).
Il semble que les hommes ne mettent aucune borne à leur imagination pour se divertir, c’est-à-dire littéralement se détourner (latin divertere) d’eux-mêmes. « L’homme est si vain, disait Pascal, qu’étant plein de mille causes essentielles d’ennui, la moindre chose, comme un billard ou une balle qu’il pousse, suffit pour le divertir. » Et on connaît la réflexion du même moraliste : « Tout le malheur de l’homme vient de ce qu’il ne sait pas demeurer en repos dans une chambre. »
Seul face à lui-même, l’homme peut se mesurer, jauger et juger. Peut-être alors s’ouvrira-t-il à une autre dimension, qu’on appelle la Transcendance ? L’homme passe infiniment l’homme, et qui ne meurt de n’être qu’un homme ne sera jamais qu’un homme. Mais non : voilà maintenant qu’il court au devant de l’oubli, et qu’il joint avec constance le futile à l’agréable.
La liste de ces manifestations cocasses est sans fin.
À Vals, en Ardèche, a lieu en juillet un championnat de lancer de pantoufles et de lancer de bérets, patronné par le Lion’s Club.
En Dordogne, se déroule de mai à octobre le championnat de France du lancer de slip, organisé par la Fédération française du lancer de slip (Source : La Dépêche, 15/05/2019).
À Trie-sur-Baïse, dans les Hautes-Pyrénées, le deuxième dimanche d’août, a lieu le championnat de France d’imitation du cri du cochon.
Ce dernier village est célèbre aussi par son championnat de France du plus gros mangeur de boudin, où une dame en vacances a déclaré : « Je fais ça parce que je ne suis pas connue. Je ne sais pas si j’aime le boudin, enfin je vais voir. » (Source : La Dépêche, 07/08/1999) Pour sa seule notoriété, l’homme veut-il maintenant régresser au cochon ? Eh bien, qu’il le fasse !
– Toute cette futilité permet de relativiser beaucoup de choses. Au fond, le sage avait bien raison : « Vanité des vanités, tout n’est que vanité. » (Ecclésiaste, 1/2). [v. Mini-Miss, Stupidité (II)]
Article paru dans Golias Hebdo, 28 juillet 2011
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Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Ils concernent des sujets d'actualité étranges, bizarres, insolites, souvent amusants, mais se prêtant toujours à un commentaire philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).
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