Invité de RTL le 28 février dernier, Éric Zemmour a déclaré que le président russe Vladimir Poutine est « un démocrate autoritaire ». Et il a justifié son opinion en disant : « Démocrate parce qu’il est élu par le peuple, le peuple n’a pas voté contre lui. » (Source : rtl.fr, 28/02/2022)
Mais le résultat d’un vote suffit-il pour excuser, chez son bénéficiaire, toute sorte d’agissements et de prises de mesures ? N’oublions pas qu’en Allemagne, par exemple, le parti d’Hitler a été élu démocratiquement. Et une fois installé au pouvoir, on en connaît assez les crimes.
Cette question met en évidence la faiblesse majeure de la démocratie.
Il est très facile de manipuler les citoyens d’une part par la propagande, et de l’autre par la censure de tout ce qui y disconvient. On peut jouer facilement sur les peurs élémentaires de la foule, qu’on évoque et attise par un discours mystificateur, comme cela se passe chez les démagogues populistes.
Le publicitaire Edward Bernays a bien montré dans son livre Propaganda – Comment manipuler l’opinion en démocratie (1928), qu’on peut faire élire un président par les mêmes moyens dont on peut imposer une marque de lessive. Une version de la propagande est aujourd’hui la « communication », où ce n’est pas le message qui compte mais la forme, selon le mot de Mac Luhan sur les médias.
Comment un peuple peut-il résister à ce conditionnement, s’il n’a plus aucun accès à un quelconque contre-discours, et si aussi il vit dans la peur constante d’être châtié par la répression policière, s’il se révolte ? Pour bien fonctionner, la démocratie suppose une parfaite liberté des citoyens, intellectuelle et physique : ce n’est pas le cas en Russie.
Aussi elle implique comme l’a bien montré Montesquieu une séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire), vraie et non pas seulement formelle. Et aussi l’existence, à côté d’elle, de contre-pouvoirs : une presse libre, ou encore ce droit d’interpellation à la Chambre des Députés où Alain, sous la Troisième république, voyait l’image essentielle du contrôle démocratique. Aujourd’hui aussi, par exemple, l’écoute des lanceurs d’alerte, etc. Bref, une ouverture du Pouvoir sur l’extérieur, et sur tout ce qui peut le contredire.
Vladimir Poutine n’a cure de tout cela. C’est un démocrate en apparence, un autocrate, un tyran ou un dictateur en réalité. Le traiter de « démocrate » est le fait d’un idéologue aveuglé.
Sur l'"idéologue aveuglé", voir aussi :
Xénophobie - Le blog de michel.theron.over-blog.fr
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