Elle est en général un facteur décisif pour la réussite d’une entreprise. Ainsi, dans l’actuel conflit aux portes de l’Europe on a constaté que les soldats russes étaient loin d’avoir la même motivation que les combattants ukrainiens. Ils ne savaient, ni au départ qu’ils allaient se battre réellement, ni le combat une fois engagé pourquoi ils étaient là. Beaucoup, nous dit-on, sont démoralisés du fait d’une logistique défectueuse, certains même saboteraient leurs propres chars pour s’éviter de devoir avancer. À l’inverse, les combattants ukrainiens sont mus par un intense sentiment patriotique. Il s’agit pour eux d’une question vitale : défendre leur pays victime d’une agression. Et tout le peuple ukrainien est derrière eux. Aussi on comprend pourquoi un si petit pays peut tenir tête à ce qui nous est présenté comme la deuxième armée du monde.

Certains disent que pourraient venir en renfort à cette dernière des mercenaires, comme des soldats syriens, ou le groupe Wagner. Mais tous les stratèges militaires remarquent que l’engagement de mercenaires dans une guerre est beaucoup moins efficace que celui de conscrits. Tout simplement parce qu’un mercenaire n’est motivé que par l’argent, et ne va pas risquer sa vie avec autant d’intrépidité qu’un appelé ou un citoyen volontaire se battant pour sa terre.

À ce propos il me vient en mémoire un passage de l’évangile selon Jean : « Je suis le bon berger : le bon berger expose sa vie pour ses brebis. Le mercenaire, qui n’est pas vraiment un berger et à qui les brebis n’appartiennent pas, voit-il venir le loup, il abandonne les brebis et prend la fuite ; et le loup s’en empare et les disperse. C’est qu’il est mercenaire et que peu lui importent les brebis. » (10/11-13)

On n’expose sa vie que pour une cause qui en vaut vraiment la peine, et pour des motifs qui dépassent le simple désir d’argent. Sans doute Vladimir Poutine a-t-il sous-estimé le patriotisme des Ukrainiens. Un peuple uni peut résister à un envahisseur, comme il s’est vu dans un tout autre contexte avec le cas de Gandhi en Inde. Même si les modalités de la résistance diffèrent ici évidemment, reste le pouvoir, énorme en efficacité, de la conviction.

Jusqu’ici je n’avais jamais très bien compris la célèbre phrase évangélique : « Si un jour vous avez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne : ‘Passe d’ici là-bas’, et elle y passera. Rien ne vous sera impossible. » (Matthieu 17/20) Eh bien, il me semble qu’à voir la résistance du peuple ukrainien face à l’ogre russe, je suis en voie de comprendre comment la seule motivation peut soulever une montagne.

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