C’est une grande loi de la nature, à laquelle on ne pense pas assez. Chaque chose a un côté positif et un côté négatif, en sorte qu’il ne faut pas en faire une appréciation unilatérale, qui sera toujours partielle et partiale. Il en est ainsi du feu, auquel on pense souvent en cette période d’incendies qui le fait considérer généralement comme un ennemi à combattre, alors qu’il peut être aussi, quand il est bien géré, un allié précieux.
J’ai vu à cet égard sur Arte, dans la soirée du 16 août dernier, une excellente émission sur les méga-feux qui ravagent notre planète. Bien sûr, leur spectacle nous horrifie. Mais un chercheur dans l’émission disait bien que le feu pouvait être aussi très fécond, en brisant les cônes des pins et ainsi en répandant leurs graines, pour qu’en puissent naître d’autres plus tard. C’est de la même façon que les terrains sur lesquels a déferlé la lave après la catastrophe d’une éruption volcanique en ressortent très fertiles. Il n’y a donc pas lieu de condamner a priori un élément comme le feu, qui présente deux faces opposées. Et d’ailleurs, il faut le remercier de nous avoir permis de nous protéger du froid et de cuire nos aliments...
Le chercheur a dit en conclusion, dans une belle formule, qu’il fallait « danser avec la Bête ». Donc savoir profiter de ses bienfaits et se protéger de ses dangers. En fait la cause des incendies actuels est humaine, ou comme on dit anthropique : d’abord l’élévation de la température et la sécheresse, consécutives à l’effet de serre, et ensuite la désaffection des espaces naturels qui autrefois étaient entretenus par l’homme. La cause dans ce cas est sociale, liée à l’exode rural.
L’émission montrait bien que les autochtones états-uniens avaient compris le double visage du feu, pratiquaient des brûlis sectorisés pour éviter de lui donner des aliments en cas de risque de débordement. Il est dommage que l’époque moderne ait oublié cet héritage et ces leçons.
Philosophiquement en tout cas, la dualité de chaque chose est une grande vérité à retenir. On comprend ainsi des formules comme « la main lave la main », ou « là où est le mal, là est aussi le remède ». On comprend aussi la position de départ de l’homéopathie, qui dit que le remède est dans le mal lui-même. On gagne beaucoup à l’abandon du manichéisme simpliste, quand on s’ouvre à l’idée d’une complexité générale des choses.
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