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ue mangerait Jésus ? Aux États-Unis les rayons des librairies regorgent de livres proposant des régimes alimentaires autour de cette si importante question…
Le Régime du Créateur, Le Régime Alléluia, Le Corps selon Dieu… tels sont quelques uns de leurs titres. Ainsi l’auteur de Maigrir pour la vie s’exclame-t-il : « Vous voulez que le monde vienne à Jésus ? Vivez comme lui, ressemblez-lui. Faites en sorte que quand les gens vous voient, ils voient le Christ en vous. »
C’est aussi le but que se fixait autrefois l’auteur de L’imitation de Jésus-Christ. Seulement il n’avait pas en vue l’amaigrissement du corps, mais le salut de l’âme – même si, à force de privations dues à une mortification quotidienne, le second pouvait entraîner le premier.
L’auteur de Que mangerait Jésus ? nous invite à ne pas nous laisser dominer par la chair et manger n’importe quoi : « Beaucoup de gens n’auront pas une alimentation équilibrée tant qu’ils ne seront pas responsables et qu’ils ne se demanderont pas : ‘Est-ce que Jésus mangerait ça ?’ avant de l’avaler. »
Selon ces auteurs, le régime christique était à base de céréales, de fruits frais, de graines et de noix. Aux diététiciens de dire s’il est bon. Mais si les gens qui le suivent ne perdent pas de poids, n’auront-ils pas l’impression d’être de mauvais chrétiens ?
On sait aussi les ravages qu’on fait certains régimes sectaires, par exemple celui de la macrobiotique, dénoncé par Roger Ikor après le suicide de son fils qui en était adepte.
On peut s’interroger sur cette « jésulâtrie », ainsi que sur cette vision extrêmement utilitaire et instrumentalisante de la religion. D’ailleurs où ces auteurs ont-ils pris cette certitude sur ce que mangeait Jésus ? Si on s’en reporte aux textes au contraire, contre les prescriptions alimentaires extrêmement restrictives des juifs, il a dit qu’on peut manger n’importe quoi, ou ce qu’on veut.
Car l’important n’est pas là. Il n’est pas dans ce qu’on ingère, mais dans ce qui sort de nous : paroles, regards, actions, etc ., qui peuvent aussi bien sauver que tuer, suivant l’intention qui s’y manifeste :
« Il n’est hors de l’homme rien qui, entrant en lui, puisse le souiller ; mais ce qui sort de l’homme, c’est ce qui le souille. » (Marc 7/15)
À l’évidence, cette seule règle de vie annule tous les régimes…
Article paru dans Golias Hebdo, 26 mars 2009
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Ce texte est extrait d'un des deux tomes de mon ouvrage Chroniques religieuses. Pour plus de détails sur ces deux livres, cliquer: ici.
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