Sa substitution à l’enfant interroge l’avenir de la société. Ainsi le JDD du 08/10/2023 affichait comme titre : « Le chien est l’avenir de l’homme. » On apprend que 68% des propriétaires de chiens et chats considèrent leurs animaux comme un membre à part entière de leur famille. 57% leur offrent des cadeaux à Noël, c’est l’explosion du « pet parenting » et de la « dog mom » (femme sans enfants mais « mère » de ses animaux de compagnie). Effectivement qui n’a pas entendu à l’occasion telle promeneuse parler à son chien, soit pour le réprimander, soit pour le féliciter, exactement comme elle parlerait à un enfant ?
Les conséquences sur la démographie et sur l’économie, nous dit-on, sont majeures, et on le comprend. Mais les implications anthropologiques et spirituelles aussi. Le pape François a regretté que « les animaux prennent parfois la place des enfants. » Ses propos renvoient sans doute au début de la Genèse, qui contient des injonctions natalistes : Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Quant à la séparation des humains et des animaux, elle est aussi évidente dans le même texte, qui affirme la prééminence nécessaire des premiers sur les seconds. Ces derniers sont voués à l’assujettissement, puisqu’appartenant à une autre espèce que l’homme. Le spécisme, ou séparation des espèces, provient de là. Et aussi, par voie de conséquence, l’antispécisme réactionnel d’aujourd’hui, où rien ne sépare plus les animaux des humains.
Certains pourraient parler ici d’un néo-paganisme, et pourquoi pas d’un retour à un univers fait de dieux zoomorphes, comme on en voit encore dans le polythéisme indien. Mais je préfère quant à moi voir une signification psychologique dans la promotion de l’animal et le refus de faire des enfants
.
À force en effet de vouloir « soumettre » la terre, tout simplement le résultat sera qu’il n’y aura plus de terre. C’est la crise climatique, dont l’origine est anthropique, qui à mon sens dissuade les jeunes couples de procréer. On ne prévoit plus, quand ainsi se profile une apocalypse imminente, un quelconque avenir épanouissant pour une prochaine génération. La perspective est évidemment pessimiste, voire nihiliste, mais elle est tout à fait lucide. À moins d’un changement complet dans nos comportements, peu probable si on considère ce qui se passe, on ne voit pas comment on pourrait y échapper.
commenter cet article …