Un temple est la demeure d’un dieu, ou chez nous de Dieu. À ce titre, il est d’usage, sinon d’y prier, du moins de respecter le besoin de transcendance qui a présidé à son édification. Pourtant de toutes parts nous parviennent des nouvelles de son affectation à des fins toutes différentes de celle qu’il devait servir. Telle son utilisation, dans une église d’Angleterre, pour accueillir des combats de catch. (Source : leparisen.fr, 22/11/2034)
Bien sûr la révérende de cette église anglicane dit que cette initiative a pour objectif de faire venir un public plus jeune dans sa paroisse, qui a perdu 20% de sa fréquentation depuis 2020. Et aussi, que le catch permet, en mettant en scène les combats qu’il propose, d’être en phase avec les préoccupations des spectateurs, qui connaissent bien eux aussi les combats dans leur vie quotidienne. Il peut leur donner courage pour les affronter, d’autant que dans la scénographie du catch le bien triomphe toujours du mal, comme le « gentil » du « méchant », à la fin de la lutte. Cette représentation permet de garder la foi dans les épreuves, d’autant que sermon et prières, qui entourent les matchs, peuvent aller dans le même sens.
Mais le spectateur de la lutte sur le ring peut-il en même temps écouter un sermon ? Je gage qu’en lui le désir de voir, la pulsion scopique l’emportera, meurtrière de toute transcendance. Dieu est toujours du côté de l’oreille, non de la vue.
Quant à l’argument du secours apporté à la foi, il me paraît extrêmement grossier et infantilisant. Seuls les enfants se satisfont d’une si manichéenne répartition des rôles, telle qu’on la voit dans le catch, avec à la fin la victoire obligée du bon contre le méchant. Malheureusement certains sermons moralisateurs aussi. Mais on ne peut pas faire vieillir les gens en les maintenant dans une enfance sans fin.
On sait enfin que les combats de catch ne sont pas de vrais combats, puisqu’ils sont arrangés par leur metteur en scène et la complicité de leurs acteurs. Les insérer ainsi dans le gigantesque théâtre chrétien qu’illustre par destination le temple, en ne faisant pas de différence entre les deux, n’est-ce pas fragiliser le second, en le faisant voir lui aussi comme une représentation théâtrale, ou un mythe, rien de plus ? En ce sens, si le catch peut (pour certains) servir l’Église, il peut aussi la détruire, simplement en la ramenant au même niveau d’artifice que lui.
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