Les États-Unis d’Amérique ont entrepris une vraie révolution culturelle, comparable mutatis mutandis à celle naguère initiée en Chine par Mao. C’est évident déjà de l’idéologie. Mais aussi, au nom de la rentabilité économique, ils veulent détruire toutes les protections progressivement conquises dans le passé et qui contribuaient jusque là au progrès social. Ainsi l’état de Floride, constatant que beaucoup de travailleurs étrangers doivent quitter le territoire à cause des politiques fédérales anti-migrantes, et ne seront pas remplacés par des citoyens américains parce que leurs emplois sont mal payés, envisage d’assouplir la législation sur le travail des mineurs de plus de 14 ans pour pallier l’absence de main d’œuvre. On projette de les faire travailler la nuit. (Source : ouest-france.fr, 27/03/2025)
Le gouverneur n’envisage pas d’agir directement sur la cause de la pénurie en augmentant les salaires, ce qui pourtant pourrait venir naturellement à l’esprit. Et pour justifier son choix de faire travailler « les enfants », il déclare : « Qu’y a-t-il de mal à attendre de nos jeunes qu’ils travaillent à temps partiel ? C’était comme ça quand j’étais jeune. » Autrement dit, j’y suis passé, j’en ai souffert, que les autres fassent de même ! Cela manque singulièrement d’empathie.
Il y a dans ce projet une manifeste régression sociale. Le travail des mineurs peut entraver leur désir légitime d’émancipation, en les empêchant de se former correctement par les études. On sait que le déterminisme social joue à plein s’il n’y a pas moyen de le briser par l’éducation. On sait aussi la croisade que les esprits humanistes ont engagée contre le travail des enfants, dès l’apparition de la société industrielle. Voyez par exemple comment Victor Hugo dans ses Châtiments stigmatise le régime de Napoléon III qui se nourrit de ce travail aliénant.
Pour le combattre, les générations passées ont édifié tout un arsenal juridique, qui est tout l’honneur de l’homme. Pourquoi maintenant vouloir le détricoter ? La raison, dira-t-on, est économique. Mais que gagne-t-on à sacraliser cette dernière ? Il en est d’elle ce qu’il en est du sabbat dans l’Évangile. De même que le sabbat est fait pour l’homme et non pas l’homme pour le sabbat (Marc 2/27), de même l’économie est faite pour l’homme et non pas l’homme pour l’économie.
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