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L’Assemblée nationale a adopté, jeudi 30 octobre dernier, une disposition qui reconnaît que les animaux sont des « êtres vivants doués de sensibilité ». Mais les députés ont tout de même gardé la disposition du code civil, qui considère les animaux comme « des biens meubles ». « Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens corporels », a-t-il été écrit. Cette mesure permet de satisfaire la FNSEA, qui craignait que la nouvelle disposition « ne remette en cause la pratique de l’élevage » (Source : AFP, 31/10/2014).
Bien sûr, on a assisté à une levée de boucliers de la part des défenseurs des animaux, dont certains, au mépris total de la langue, ont dit qu’un animal n’est pas un « meuble » ! Or ils devraient savoir qu’un « bien meuble » est simplement un bien déplaçable, ou qui se déplace tout seul, à la différence d’un « bien immeuble », qui lui ne peut être déplacé. On voit l’intérêt qu’il y a à connaître le latin : « meuble » renvoie à mobilis, qui vient de movere, déplacer. Beaucoup de querelles seraient évitées s’il y avait plus de connaissance dans les esprits ! Comme disait Montaigne : « La plupart des causes de trouble du monde sont grammairiennes. »
Le même contresens a été fait à propos de la conception cartésienne des « animaux-machines ». Descartes n’a jamais dit que l’animal était exempt de sensibilité : il s’est contenté de dire que n’ayant ni langage ni raison, il était simplement et intrinsèquement différent de l’homme. Ce sont seulement ses disciples qui ont refusé à l’animal la sensibilité, tel Malebranche qui battait sa chienne sous prétexte qu’elle ne sentait rien. Le maître était bien plus subtil que cela.
Jusqu’à preuve du contraire, un animal peut s’acheter, mais pas un être humain. Or on voit aujourd’hui fleurir beaucoup de livres dont parfois le titre est totalement démagogique : je pense à L’animal est une personne, de Franz-Olivier Giesbert (Fayard, 2014). Dédié à « nos sœurs et frères les bêtes », il participe certes d’un esprit franciscain, et a raison bien sûr de vouloir améliorer la condition des animaux. Mais enfin, invoquer à leur propos la notion de « personne » me semble ici totalement exagéré. Il suffit de condamner la maltraitance dont ils peuvent être victimes, et qui est déjà punie dans notre droit.
Nota : Un recueil de toutes les chroniques précédentes, que j'ai données à Golias Hebdo de fin décembre 2008 à début mars 2014, est disponible en version enrichie, avec regroupement thématique des notions, et assorti de nombreux liens internes et externes facilitant son exploitation, sous forme de livre électronique multimédia :
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