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Une vaste enquête de la BBC, « The Rest Test », vient de montrer que pour la plupart des gens il faut être seul pour se sentir pleinement reposé. La solitude choisie (à ne pas confondre avec l’isolement subi, qui est une mauvaise chose) est éminemment positive. Elle nous permet de nous écouter, d’être attentif à nous-mêmes, ce qu’on ne fait pas lorsqu’on est sans cesse sollicité. L’étude se termine même par un éloge de la paresse, notion pourtant chez nous culpabilisante : « Nous avons vraiment besoin de combattre l’idée que si vous prenez plus de repos, vous êtes paresseux. Le fait que les gens qui se reposent le plus sont ceux qui vont le mieux prouve sa nécessité. » (Source : BBC.com, 27/09/2016)
Cela fait bien longtemps que je suis persuadé de tout cela. Que les obligations sociales soient stressantes et aliénantes, et qu’à l’inverse la recherche de la solitude soit bénéfique et féconde pour se retrouver et se réunir à soi-même, voilà ce que j’ai toujours défendu, aussi bien dans mes paroles et mes cours que dans mes livres. Je suis loin d’ailleurs d’être le premier. L’attention à soi n’est possible que dans cette solitude qui permet d’atteindre ce qu’on appelle l’état de pleine conscience (Mindfulness), essentiel dans la méditation bouddhiste, mais aussi principe et méthode utilisés aujourd’hui en thérapie pour la réduction du stress. Évidemment on ne conçoit pas de suivre cette voie à plusieurs.
Quant à la paresse vitale, il suffit de lire Le Droit à la paresse de Paul Lafargue (1880), pour se persuader que le travail n’a en soi aucune valeur, et que ce sont « les prêtres, les économistes, les moralistes » qui ont favorisé cet amour absurde que l’on a pour lui, et qu’ignoraient les civilisations antiques. Le dolorisme et le masochisme chrétiens n’ont pas peu fait pour cette valorisation.
Bien sûr, on pourra ne pas généraliser ces considérations. Retenons tout de même l’idée que le repos en solitude et le farniente sont éminemment nécessaires, au moins comme haltes, pour se rééquilibrer.
S'il est plus tard que tu ne penses
Tu ne pourras en savoir rien
Vis chaque pas de ton chemin
Le Temps continuera sa danse
Si demain a de l'importance
Tu le demanderais en vain
Saisis ce qui touche ta main
L'instant seul où ton coeur s'élance
Et si pour vivre tu balances
Hésitant du soir au matin
Bien piètre sera ton butin
Au temps de l'ultime sentence...