C’est le refus de croire en un Dieu extérieur et antérieur au monde, chargé de nous punir si on lui désobéit, et de nous récompenser dans le cas contraire, en vertu d’un contrat passé avec lui, basé sur un échange réciproque, un donnant-donnant. Dans le monde judéo-chrétien, il est signifié par le pacte du mont Sinaï, où Moïse reçoit les commandements de Dieu.
Si on pense que l’athéisme est le contraire d’une religion instituée, comme la chrétienne, on découvrira dans Wikipédia qu’il existe un athéisme chrétien (titre d’un article), comme aussi un athéisme juif.
Pour le premier, Jésus est un enseignant, un guide moral et un maître spirituel. En aucune façon il n’est un dieu, la seconde personne de la Trinité, comme l’ont affirmé les dogmes qui l’ont recouvert en l’instrumentalisant, après sa mort. Sans doute celui qui fut apparemment un rabbin marginal n’eût pas voulu de cette divinisation. Il s’est contenté de revivifier l’orthopraxie traditionnelle : « Pourquoi m’appelez-vous ‘Seigneur’, ‘Seigneur’, et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Luc 6/46)
Bien sûr son enseignement a été très vite recouvert par les valorisations toujours majorées de sa personne, visibles dans les textes mêmes qui se réclament de lui. Mais peu importe : sa voix personnelle était initialement subordonnée au message qu’il portait, qui est le plus important. Je dirais même alors, quitte à choquer, que son existence historique réelle n’importe guère. Ce qui compte est Une voix nommée Jésus, comme j’ai intitulé mon livre consacré à l’évangile selon Thomas (Dervy, 2010), et les changements que cette voix peut opérer en nous.
Pourquoi faire intervenir Dieu dans ces changements, sauf à maintenir l’homme dans une éternelle enfance, craignant le châtiment qui peut tomber sur lui, espérant l’écarter par sa soumission, et aspirant toujours à des récompenses et des bienfaits prodigués d’en-haut ? Cette vision du type carotte-bâton est aliénante, et de ce point de vue la divinisation de Jésus, loin d’être une libération, est une régression psychique.
Quand une automobile ne marche pas, il ne faut pas l’accabler de malédictions, mais ouvrir le capot et rechercher d’où vient la panne. Sinon on ajoute un nouveau malheur à un malheur, par une double peine. On peut voir la voix de Jésus comme celle d’un thérapeute, pour qui c’est bien assez que les hommes soient déjà punis par leurs errements, et non pas en plus punis pour eux.
Article paru dans Golias Hebdo, 27 mai 2021
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