Il peut être une bonne chose, dans le cas des actes-réflexes de survie, par exemple, mais aussi il est bien des cas où l’on a intérêt à le modérer par la réflexion.
C’est à quoi j’ai pensé en apprenant dans la presse que l’ancien président des États-Unis, après la dernière tuerie qui s’y est produite dans une école, a préconisé d’armer les enseignants. Manifestement il a agi ainsi par pur réflexe : si le « mal » (c’est sa propre expression) nous attaque, c’est à nous de riposter de la même façon. Le fait-il par voie d’armes à feu ? À nous aussi de les utiliser aussi contre lui.
Bien sûr on connaît l’attachement des états-uniens pour le deuxième amendement de leur Constitution, qui donne à chaque citoyen la possibilité de posséder une arme pour se défendre. C’est pour eux un élément incontournable de la liberté individuelle. Aussi, de façon plus prosaïque (et cynique), le lobby des armes, dont la très puissante NRA (National Rifle Association of America), finance les campagnes de beaucoup d’hommes politiques, qui se trouvent en position de débiteurs et donc de dépendance face à lui. C’est un trait essentiel du monde capitaliste, inféodé à l’argent que rapporte toute activité. Les problèmes moraux n’y tiennent pas devant l’appât du gain, le business ordinaire.
Pourtant il faudrait les poser, et c’est là que devrait intervenir la réflexion face au réflexe immédiat d’auto-défense. D’abord laisser les armes en vente libre contribue à faciliter et donc à multiplier les agressions par leur moyen. Le « mal » dont parle Donald Trump n’est pas ici une notion abstraite. Il a une genèse précise et déterminée, sur laquelle on peut agir pour le diminuer.
Ensuite, s’agissant d’un pays majoritairement chrétien, on aurait pu s’attendre au rappel de formulations évangéliques comme : Quiconque sortira l’épée sera puni par l’épée. Ou encore : Et moi je vous dis ne pas résister au méchant. Bien sûr ces paroles sont peut-être littéralement impraticables, mais au moins indiquent-elles une direction de pensée, visant à nous indiquer que s’il faut haïr le mal il faut aimer le méchant. C’est, a minima, un dépassement de l’ancienne loi du talion.
Mais Donald Trump n’en a cure. Il veut transformer l’école en lieu de western. Gageons qu’à côté de la Bible il veut voir figurer, comme hélas ! beaucoup de ses concitoyens, le Colt.
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