Elle est interdite dans un pays démocratique, où on n’a pas le droit de se faire justice soi-même. Si l’on subit un dommage, de quelque nature que ce soit, il faut en appeler à la police, puis à la justice. Et il est heureux que soit nécessaire la présence de ces intermédiaires, car sinon on serait dans un état de non-droit, où seule régnerait la violence et la loi du plus fort, comme dans l’ancien far-west américain.
C’est à quoi j’ai pensé en apprenant que la Fédération CGT des mines et de l’énergie (FNME-CGT) a menacé, lundi 16 janvier d’avoir recours à des coupures ciblées contre les élus favorables au projet du gouvernement sur les retraites. « On va s’occuper d’eux. On va aller les voir dans leurs permanences, on va aller discuter avec eux, et puis si d’aventure ils ne comprennent pas le monde du travail on les ciblera dans les coupures qu’on saura organiser », a assuré le secrétaire général, Sébastien Menesplier (Source : huffingtonpost.fr, 19/01/2023.
Et dans le même esprit Philippe Martinez sur le plateau de Télématin a exprimé son envie de « couper l’électricité des beaux châteaux de milliardaires ». « Ça serait bien qu’on leur coupe l’électricité pour qu’ils puissent se mettre dans la peau quelques jours des millions de foyers français qui sont en précarité énergétique » (même source)
Ces intentions de riposte par ciblage individuel me semblent procéder simplement d’un désir de vengeance, passant au-dessus de toutes les lois en vigueur dans un pays démocratique. Qu’on me comprenne bien : je ne mets absolument pas en question le droit de grève, conquis de haute lutte par les travailleurs, et qu’il faut préserver jalousement. Simplement il doit s’opposer à un « ennemi » général (entreprise, état), et non à des citoyens particuliers. Si on veut couper l’électricité il faut le faire à tout le monde, dans le cadre de la loi, ou bien à personne.
On assiste là à une pathologie classique du régime démocratique, ce qu’on appelle l’invidia democratica, la haine démocratique. Basée sur le ressentiment contre des particuliers, elle court-circuite les institutions et toutes ces instances intermédiaires inventées précisément pour empêcher la vengeance individuelle.
Il semble d’ailleurs que Philippe Martinez soit revenu sur ce qu’a dit la CGT-Énergie, puisqu’il a dit à son propos : « C’était plus un symbole qu’une véritable menace. Ce n’est pas dans nos habitudes de faire ça, c’était pour exprimer une véritable colère. » (même source) Allons, péché avoué est à moitié pardonné...
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