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on existence vient d’être niée par le Pape François lui-même, ce qui a provoqué beaucoup de remous.
Dans un entretien accordé au journal italien La Repubblica, il a expliqué que les âmes pécheresses ne sont pas condamnées à subir les éternelles souffrances de l’Enfer : « Celles qui se repentent obtiennent le pardon de Dieu et prennent leur place parmi celles qui le contemplent, mais celles qui ne se repentent pas, et qui donc ne peuvent pas être pardonnées, disparaissent. » (Source : BFMTV, 30/03/2018).
Le Vatican s’est aussitôt ému de cette déclaration, les châtiments infernaux étant un dogme de l’Église catholique, comme le précise bien son Catéchisme officiel : « Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles souffrent pour l’éternité les peines de l’Enfer »
La raison de cette réaction se comprend facilement : si l’Enfer n’existe pas, comment va-t-on continuer à faire peur aux hommes en les en menaçant, et donc à les assujettir par ce moyen ? On pourrait dire comme Voltaire qu’il en est de l’Enfer comme du regard de Dieu, qui a été inventé pour que les domestiques se retiennent d’égorger leurs maîtres
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En fait la remarque du pape François ne fait que reprendre la vieille position des Annihilationistes, selon laquelle les réprouvés n’étaient pas promis aux souffrances de l’Enfer, mais verraient leur âme détruite (annihilée). Cette position fut dite hérétique.[1] Plaisante chose donc maintenant, qu’un pape hérétique !
Il faut pourtant le remercier, car sa position est bien plus humaine et charitable que celle qui condamne les réprouvés à des peines éternelles. Sadiquement, celle-ci ajoute à l’image d’un Dieu qui tue, déjà passablement inquiétante, celle d’un Dieu qui torture. Dans le monde juif, la Géhenne n’était qu’un lieu d’anéantissement. Mais elle est devenue, en français même par croisement avec la « gêne » au sens ancien de « question » ou de « torture », un lieu de souffrances éternelles. Seule une imagination malade ou diabolique a pu inventer ainsi des peines irrémissibles. C’est bien assez d’être condamné à la disparition, sans pour autant qu’il faille souffrir éternellement.
Article paru dans Golias Hebdo, 19 avril 2018
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