Elle mène, dit Thomas Mann dans La mort à Venise, « à l’abîme ». Pourquoi ce paradoxe ? La sauvagerie ne s’éveille pas forcément en nous quand la beauté s’éclipse, à l’occasion des guerres par exemple : l’âme peut alors au moins s’ouvrir à la pitié. La visite d’un hôpital ne rend pas cruel. Mais le kitsch, les paillettes et le strass de la télévision, si. Une beauté trop lisse nous provoque. Soit une belle après-midi d’été, au bord d’une pelouse inondée des rayons du soleil couchant, dans un décor paradisiaque : nous y pouvons sentir l’indifférence de la nature, et l’artifice de tout ce décor, eu égard à ce que nous pouvons être, aussi, au fond de nous-mêmes, un être plein de peines et de gouffres. Loin d’en être apaisés, la beauté alors nous insulte, par l’ironie qu’elle nous fait sentir dans ce qu’elle nous montre, à côté de ce que nous recélons en nous ...
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→ On peut comparer aussi ce texte avec : La beauté meurtrière, ainsi qu'avec : Le kitsch.
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