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30 mai 2021 7 30 /05 /mai /2021 01:01

C’est celui qui assiste le célébrant à la messe. Beaucoup de mes camarades l’ont été, quand j’étais enfant, et leur chasuble blanche les grandissait à mes yeux, par exemple quand, investis d’une sorte de majesté sacrée, ils faisaient la quête en prononçant un « Dieu vous le rende ! » imposant et comme tombé du ciel. À l’époque, je ne me posais pas la question de savoir pourquoi, parmi les enfants de chœur, il n’y avait pas de petites filles.

 

Mais maintenant je peux y répondre. Car si le pape François a décrété que désormais les femmes pourront avoir accès à l’acolytat et au lectorat, et si on a vu là une initiative novatrice, c’est bien qu’effectivement elle brise un tabou, celui de l’impureté féminine.

 

De tout temps en effet et dans la majorité des religions les femmes ont été stigmatisées à cause de leur sang menstruel. On en voit maintes illustrations dans maints passages de la Bible juive. Encore aujourd’hui dans telle tradition orthodoxe un religieux peut refuser de toucher la main d’une femme, ou d’être touché par elle, au cas où elle aurait ses règles. Voilà donc pourquoi, me dis-je, il n’y avait pas de petite fille parmi  les acolytes de mon enfance.

 

Y réfléchissant, il me souvient aussi d’un vers de Vigny, dans « La Colère de Samson » : « La Femme, enfant malade et douze fois impur ! ». L’ayant appris au Lycée, je n’en comprenais pas le sens. Aucune note de mon manuel ne l’éclairait, et je le récitais machinalement. Tant l’enseignement d’alors était moutonnier, et tant l’ostracisme misogyne qu’il pouvait véhiculer nécessitait voilements et précautions !

 

La décision du pape, heureusement, est dans le droit fil de l’Évangile. Ainsi Jésus accepte d’être touché par une femme souffrant de pertes de sang depuis douze ans, et guérie par son contact (Marc 5/25-34). À l’évidence, le tabou du sang tombe ici. L’impureté véritable est dans la façon de voir les choses, dans l’œil qui est la lampe du corps (Matthieu 6/22 ; Luc 11/34). Elle n’est pas dans le déterminisme biologique qui sépare les êtres, le pur de l’impur, et institue le sacré. Cette vision nouvelle est fondamentalement anti-sacrale et antinaturaliste.

 

Bien sûr l’admission des femmes à l’acolytat et au lectorat ne signifie pas leur admission au sacerdoce. Mais enfin que gagneraient-elles à prendre un rôle de sacrificateur, qui est celui du prêtre, alors qu’elles peuvent donner la vie et sont donc mieux aptes à la préserver ?

 

 

***

 

Ce texte est à paraître dans le journal Golias Hebdo. Il figurera dans une collection dont fait partie l'ouvrage suivant en tant que premier tome. On peut en feuilleter le début (Lire un extrait), et on peut l'acheter sur le site de l'éditeur (Vers la librairie BoD). Tous les livres de la collection sont aussi disponibles sur commande en librairie, ou sur les sites de vente en ligne.

Petite philosophie de l'actualité
Théron, Michel
15,00Livre papier
Lire un extrait

DESCRIPTION

Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Souvent inspirés par l'actualité, ce qui les rend plus vivants, ils ont cependant un contenu intemporel, et se prêtent toujours à une réflexion philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).

 

***

 

Pour voir la liste de tous mes livres édités chez BoD, cliquer : ici.

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28 mai 2021 5 28 /05 /mai /2021 01:01

J’ai regardé avec intérêt l’émission Corleone, le parrain des parrains, diffusée sur Arte dans la soirée du 15/05/2021. Elle donnait, à la façon d’une tragédie shakespearienne, un portrait glaçant du fonctionnement de la Mafia sicilienne. Comme l’a dit le juge Falcone dans un propos rapporté à la fin de l’émission, les ressorts n’en sont pas surnaturels ou diaboliques, mais strictement humains. Il vaut donc la peine de les creuser, pour mieux connaître les replis de notre nature.

 

On peut assurer son pouvoir sur quelqu’un et se garantir son respect en le déchargeant de toute responsabilité pour subvenir à ses besoins, et en le dépossédant de sa liberté. C’est la leçon de la fable de La Fontaine Le Loup et le Chien. Le Chien est nourri, mais esclave de celui qui le nourrit. Le Loup est certes famélique, mais au moins il est libre, et a le meilleur parti. Cependant je suis persuadé que bien plus de personnes aimeraient être Chien plutôt que Loup. On ne croit pas toujours que l’homme ne vit pas seulement de pain, comme il ressort de l’épisode évangélique de la Tentation de Jésus au Désert.

 

À partir de là, on peut conclure que dans le monde politique tout clientélisme de type féodal (et ils sont nombreux) est de nature mafieuse. On s’assure soumission et votes par distribution de gratifications et de prébendes. Et obéissance, par la peur de ne plus les avoir.

 

On voyait aussi dans l’émission que les gens recrutés par Cosa Nostra étaient heureux d’avoir enfin un statut social qui les séparait de la masse. Avant, ils n’étaient rien et en souffraient. Mais ensuite, ils étaient respectés partout. Là est un ressort humain profond. On n’aime pas l’anonymat, on ferait tout pour sortir du lot, comme cet Érostrate de l’Antiquité qui incendia le Temple d’Artémis à Éphèse parce qu’il ne supportait pas d’être inconnu. Si grande est l’importance qu’on accorde au regard des autres et aux valeurs de représentation ! On comprend aussi pourquoi la Mafia parlait toujours d’« honneur », qui est une parfaite soumission au regard d’autrui. Bien sûr il y a là une escroquerie intellectuelle. Ce n’est pas parce qu’on est honoré qu’on est honorable ; ou respecté, qu’on est respectable.

 

Finalement, on voit que barbarie et cruauté extrêmes ont des racines simplement humaines, et qu’il peut y avoir, comme Hannah Arendt l’a montré à propos d’Eichmann, une banalité du mal – ce qui ne veut pas dire qu’il faut le banaliser...

 

D.R.

 

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Ce texte est à paraître dans le journal Golias Hebdo. Il figurera dans une collection dont fait partie l'ouvrage suivant en tant que premier tome. On peut en feuilleter le début (Lire un extrait), et on peut l'acheter sur le site de l'éditeur (Vers la librairie BoD). Tous les livres de la collection sont aussi disponibles sur commande en librairie, ou sur les sites de vente en ligne.

Petite philosophie de l'actualité
Théron, Michel
15,00Livre papier
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Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Souvent inspirés par l'actualité, ce qui les rend plus vivants, ils ont cependant un contenu intemporel, et se prêtent toujours à une réflexion philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).

 

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27 mai 2021 4 27 /05 /mai /2021 11:14

J'ai toujours pensé que ce ne sont pas celles qui nous sont imposées par la biologie et les liens du sang, mais celles que l'on choisit librement et au sein desquelles on trouve un amour effectivement partagé. Je viens d'être conforté dans cette pensée en ayant vu hier soir, sur Arte, le film d'Hirozaku Kore-eda, Une affaire de famille (lien), qui a obtenu la Palme d'Or au Festival de Cannes 2018.

 

De même que le vrai Père n'est pas le père selon la chair, mais celui qui adopte l'enfant, comme je l'ai signalé hier (lien), de même la vraie famille est une famille aimante, comme on le voit dans le film. Elle "adopte" une petite fille, l'élève et la fait grandir. Peu importent alors ses parents réels, qui dans le film sont décevants parce que dépourvus d'amour. Sa vraie famille est ailleurs.

 

L'amour que l'on porte à sa famille est pour moi basé sur le choix qu'on en a fait. Cela s'exprime très bien dans le mot français dilection, qui vient du latin diligere, choisir (voyez aussi : élection).

 

J'ai défendu ce type d'amour dans mon livre Savoir aimer - Entre rêve et réalité (lien). J'ai montré qu'à côté de l'amour de désir ou de passion (éros), de l'amour de bienveillance (agapé) et de l'amour d'amitié (philia), il y a, couronnant les deux derniers, l'amour de choix (dilectio), dont l'amour qu'on a pour la famille qu'on s'est choisie librement est un bel exemple. Les liens n'y sont pas imposés au départ, mais à créer.

 

A l'inverse, voyez ce que dit Eluard de Violette Nozière, meurtrière de ses parents : "Elle a brisé l'affreux nœud de serpents des liens du sang."

 

 

Voici maintenant un texte, mis sur un autre site, où j'expose tout cela :

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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