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2 août 2020 7 02 /08 /août /2020 01:01

 

Solitude et autarcie

 

« Le bonheur, dit Épictète, appartient à ceux qui se suffisent à eux-mêmes. » Le terme grec qu’il emploie est autarkos, qui a donné : autarcie. Je sais bien que cette attitude peut surprendre. On nous a tellement dit qu’il faut dans la vie se dévouer aux autres, et que la rencontre de l’autre doit nous permettre de nous décentrer de nous-mêmes ! Je pense que c’est exactement le contraire. Seul un être qui s’est réuni à lui-même en solitude, qui s’est centré, peut ensuite s’ouvrir aux autres et communiquer avec eux de façon harmonieuse, avec écoute vraie et sans projections ou attentes d’aucune sorte.

 

L’autarcie n’est pas un narcissisme complaisant, elle est un travail sur soi. Elle n’isole pas, elle est un préalable ou une propédeutique à la vraie rencontre d’autrui. Il est bien vrai que l’homme est un être social, et que la relation avec autrui est fondamentale dans la vie. Mais c’est précisément l’autarcie qui permet une bonne socialisation.

 

Voyez par exemple combien les promeneurs solitaires sont capables, lorsqu’ils rencontrent quelqu’un, de s’arrêter et prendre le temps d’engager une conversation, en écoutant l’autre, en faisant attention à lui. Tous les randonneurs vous le diront. Il y a d’ailleurs là comme un paradoxe. Moins on rencontre de personnes quand on se promène, plus on salue celles que l’on croise, et plus volontiers on leur adresse la parole. La solitude ainsi favorise mieux la socialisation, le contact vrai avec les autres. – Et à l’inverse, dans la cohue des villes, les êtres agités et courant frénétiquement à des occupations qui les aliènent frôlent les autres sans se rendre compte même qu’ils existent. Ce sont eux qui véritablement sont isolés, sans doute pour ne pas préalablement s’être fait face à eux-mêmes, en solitude.

 

Il faut en effet bien faire une différence fondamentale entre solitude et isolement. Si la première est nécessaire et féconde, le second est catastrophique. Il faut lutter évidemment contre lui, en se socialisant le plus possible. Mais pas à n’importe quel prix. Et surtout pas en refusant de faire l’expérience de sa propre solitude.

 

 

***

 

Ce texte est extrait de mon livre Sur les chemins de la sagesse - Des clés pour mieux vivre, nouvelle édition augmentée 2019 (pp.65-66). Pour plus de renseignements sur cet ouvrage, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

 

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31 juillet 2020 5 31 /07 /juillet /2020 01:02

º (Émissions de radio)

Vous trouverez ci après un lien qui mène vers une des émissions que j'ai faites naguère avec le pasteur Rédouane Esbanti, à Radio FM+ Montpellier, à partir de mon ouvrage en deux tomes Théologie buissonnière, préfacé par André Gounelle. Cet ouvrage est paru initialement chez Golias, et il est maintenant réédité chez BoD (durée de l'émission : 58'12") :

 

Sagesse 

 

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Pour lire les premières pages de cet ouvrage, et en particulier la préface d'André Gounelle,  cliquer ci-après sur Lire un extrait. Pour l'acheter sur le site de l'éditeur, cliquer sur Vers la librairie BoD :

Théologie buissonnière
Théron, Michel
20,00Livre papier
Lire un extrait
Théologie buissonnière
Théron, Michel
20,00Livre papier
Lire un extrait

Cet ouvrage est disponible aussi au format numérique, toujours sur le site de l'éditeur. Et il est aussi disponible sur les sites de vente en ligne (Amazon, Fnac, etc.), ainsi que sur commande en librairie.

 

 

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Pour lire une recension de cet ouvrage dans le mensuel protestant libéral Évangile et Liberté, cliquer sur :

 

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29 juillet 2020 3 29 /07 /juillet /2020 01:01

 

Du coup de foudre

 

... De la même façon, ce qu’on appelle le coup de foudre existe bel et bien, mais autant il est fréquent pour chaque individu pris isolément, autant il est très rare qu’il soit partagé. C’est le fait, comme on dit souvent, de reconnaître quelqu’un qu’on ne connaît pas. En réalité, on projette sur n’importe qui un désir d’aimer qui est en soi-même. On aime l’amour, avant d’aimer quelqu’un. C’est une soif, et le propre de la soif, on l’a vu, est de ne pas être difficile sur ce qui est susceptible de l’étancher. Il y a une attente, une pulsion physique, sur laquelle se greffe tout un monde de rêves et de fantasmes, bref une érotisation générale du climat qui précède la rencontre, dont on dit faussement ensuite qu’elle a été la cause du phénomène, alors qu’elle n’a été que le prétexte ou l’occasion pour la soif d’aimer de se manifester.

 

Cette érotisation préalable est décrite par Boris Vian au début de L’Écume des jours, lorsque Colin fait sa toilette et pense à l’amour avant de descendre dans la rue, où évidemment tous les chemins mèneront à Chloé. Mais l’autre, même provoquant la sidération, n’existe pas vraiment : on n’aime jamais personne, quand on aime.

 

C’est d’ailleurs la logique du désir en général. Comme dit très justement Spinoza dans L’Éthique : « Ce n’est pas parce qu’une chose est bonne que nous la désirons, mais c’est parce que nous la désirons que nous disons qu’elle est bonne ». Par exemple un homme n’aime pas une femme parce qu’elle est mystérieuse ; il la décrète mystérieuse pour justifier le rêve qu’il se fait d’elle.

 

En fait, si le coup de foudre est bien réel dans nos vies, sa survenue est forcément unilatérale. Il y a très peu de chances, statistiquement parlant même, pour que deux êtres se trouvent face à face dans le même lieu et au même moment avec la même soif d’aimer et la même attente. Il serait amusant de pouvoir calculer cette probabilité ! Et ce n’est pas pour rien que l’histoire de Tristan et Yseut, exemple du coup de foudre partagé, a besoin d’un philtre d’amour pour exister.

 

Leibnitz, le théoricien précisément de cette harmonie préétablie dont on rêve, dit aussi que les êtres sont comme des monades, sans portes et fenêtres, irrémédiablement séparés les uns des autres. Nous côtoyons les autres constamment, mais nous sommes séparés d’eux avec autant de distance que les étoiles le sont les unes des autres dans le ciel. Et s’élancer vers les autres est le meilleur moyen d’en être repoussé ...

 

 

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Ce texte est extrait de mon livre Sur les chemins de la sagesse - Des clés pour mieux vivre, nouvelle édition augmentée 2019 (pp.59-61). Pour plus de renseignements sur cet ouvrage, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

 

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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