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17 août 2022 3 17 /08 /août /2022 13:41

Je reprends aujourd'hui l'alimentation de mon blog. Veillez noter cependant des anomalies possibles dans l'édition et l'affichage des articles, suite à ma connexion Internet qui est défaillante et en attente d'être réparée. - L'article suivant va paraître dans le numéro de reprise de Golias Hebdo :

Apocalypse

 

Sérieusement on peut y penser aujourd’hui, à voir tous les effets des canicules sur notre planète. Et ils sont bien tangibles, l’on peut directement s’en apercevoir si l’on quitte le confinement auquel condamne la chaleur et si l’on s’aventure dans la campagne. Tout y est grillé par la sécheresse, en tons ocres ou bruns. Certains bosquets ne sont que des formes noircies, calcinées par les incendies spontanés causés par la température. Les cours d’eau, comme le canal au bord duquel je fais ma promenade quotidienne, sont eutrophisés, recouverts d’une affreuse vase verte qui les rend méconnaissables. Les couleurs elles-mêmes en général ont une très étrange allure de fin du monde, comme si cette dernière, non contente d’être intellectuellement supputée, parlait maintenant directement à la sensibilité.

 

Il semble que tout doive finir dans la suffocation et l’asphyxie. On peut bien compter sur la climatisation pour s’en protéger, mais on ne réfléchit pas qu’elle alimente elle-même ce contre quoi elle lutte, par l’augmentation de l’effet de serre qu’elle cause.

 

Les prévisions météorologiques pour les années à venir sont d’un grand pessimisme. La Méditerranée par exemple, auprès de laquelle je vis, va avoir un climat tropical auquel ses riverains évidemment ne sont pas habitués. Personnellement je n’ai jamais vu depuis ma naissance une eau de mer dont la température flirte avec les 30°, comme aujourd’hui. Par plus que des canicules si longues, dépassant largement les deux mois. Autour de chez moi, les cigales même ne chantent plus, affectées qu’elles sont par la canicule.

 

Finalement les collapsologues, qui prévoient dans un bref délai l’effondrement général de notre mode de vie sur la planète, aussi bien que les survivalistes, qui supputent les moyens que chaque individu peut avoir pour en réchapper personnellement, ne sont pas si folkloriques que cela. On touche maintenant du doigt ce qu’ils disent.

 

Pour lutter contre cette catastrophe annoncée et qui crève maintenant les yeux, il faudrait au moins un changement résolu qui irait vers la sobriété énergétique. Ce serait une autre façon de vivre, un autre univers. Mais peut-on espérer que la fin du monde ne soit que la fin d’un monde ?

 

D.R.

 

 

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10 juillet 2022 7 10 /07 /juillet /2022 01:00

N

ous sommes en Occident si habitués à la lutte contre ce qui nous arrive que nous avons du mal à considérer comme salutaire son acceptation en pleine conscience, sans jugement aucun.

 

En quoi nous avons tort. Bien sûr je fais exception des injustices sociales, qu’il faut combattre sur leur propre terrain. Mais pour le reste, nous ferions bien mieux d’accepter ce que nous apporte le présent, en le voyant clairement, et en y adhérant sans réserve.

 

Une étude médicale dernièrement parue montre que l’état de « pleine conscience » (mindfulness), utilisé dans le cadre de la méditation, a un impact salutaire sur la santé. Il réduit l’impact du stress et de l’anxiété, qui exposent à une production excessive d’hormones et peuvent créer dépression, prise de poids, problèmes digestifs, baisse de la concentration et de la capacité de mémorisation. Mais les sujets qui acceptent leurs émotions négatives ou les situations imprévues sans rumination peuvent limiter cette réponse physiologique (Source : Slate, 13/06/2014).

 

L’article fait référence, comme origine de cette posture, au bouddhisme. Mais point n’est besoin d’y recourir, car l’attitude d’acceptation est une constante de toute religion et de toute spiritualité, et existe donc aussi chez nous.

 

Voyez le Fiat ! (« Que cela soit !) qu’on trouve dans la deuxième demande du Notre Père, ainsi que dans la réponse de Marie à l’Ange lors de la scène de l’Annonciation (Luc 1/38). Les Beatles ont même paraphrasé ce dernier exemple dans leur célèbre chanson Let it be ! Cette formule, ce mantra, nous les devons comme ils le disent à notre Mère Marie (Mother Mary) qui peut venir vers nous pour nous donner une leçon de sagesse (wisdom).

 

Adhérer à ce qui se produit ici et maintenant (hic et nunc) est le meilleur moyen de se délivrer des tensions qui de toute façon ne le feront pas disparaître, mais ne feront qu’amplifier notre souffrance.

 

Quand on fait de la voile, s’il y a un coup de vent, le réflexe est de se crisper et de tirer sur les écoutes : c’est le meilleur moyen d’aller à l’eau. Si ou contraire on lâche tout, le bateau flotte comme un bouchon, et on ne risque rien.

 

Sachons donc être totalement lucides sur ce que nous vivons, ne pas être dans le déni ou le refus qui aveuglent, ne pas fermer nos poings pour la lutte, mais au contraire ouvrir nos mains pour l’accueil.

 

Cela bien sûr, par exemple en monde chrétien, récuse toute eschatologie, toute posture d’attente, et même toute idée d’espérance. L’acquiescement au présent en effet est bien différent de l’attente d’un salut futur, même si les deux postures peuvent parfois coexister dans une même construction religieuse.[1]

 

Article paru dans Golias Hebdo, 26 juin 2014

 

[1] Toutes ces considérations sont reprises et développées dans mon ouvrage Sur les chemins de la sagesse – Des clés pour mieux vivre, éd. BoD, 2019.

 

D.R.

 

***

 

Cet article est extrait de mon ouvrage en deux tomes Chroniques religieuses, édité chez BoD. On peut les feuilleter en cliquant ci-dessous sur Lire un extrait. Et on peut les acheter sur le site de l'éditeur en cliquant sur Vers la librairie BoD :

 

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8 juillet 2022 5 08 /07 /juillet /2022 01:00

I

l est dangereux d’en faire trop, de vouloir à tout prix se mettre en avant. Et il y a des cas où le comportement est même hautement dommageable.

 

C’est à quoi j’ai pensé en lisant un bizarre fait divers, rapporté par l’A.F.P. (20/07/2013) : un pompier volontaire de 22 ans à Valentigney (Doubs) allumait des feux de poubelles pour le plaisir selon lui, ainsi que le rapporte le dossier de police, de pouvoir ensuite les éteindre avec ses collègues.

 

Quelles ont été les motivations de ce pompier pyromane ? Je laisse de côté l’hypothèse, évoquée par certains,  d’une prime éventuelle qu’il eût pu toucher après avoir éteint l’incendie. Les hommes ne sont pas mus toujours par des considérations financières. La simple considération, le désir d’être remarqué et apprécié, les fait agir bien souvent.

 

Il semble que certains ne supportent pas l’obscurité de leur personne, l’anonymat. Ils préfèrent même qu’on parle mal d’eux, plutôt qu’on n’en parle pas du tout. On connaît le cas d’Érostrate, qui incendia le temple d’Artémis à Éphèse, une des sept merveilles du monde, tout simplement pour que son nom passât à la postérité. En quoi il a fort bien réussi, puisqu’il est présent encore dans nos mémoires. Sartre a donné le nom de ce personnage à une de ses nouvelles, dans Le Mur.

 

L’homme peut supporter beaucoup de choses dans sa vie, mais s’il est une chose qu’il tolère très difficilement, c’est le sentiment d’être inutile. Tous les retraités vous le diront, et aussi, je pense, bien des travailleurs aujourd’hui, dépossédés de toute initiative et responsabilité sur ce qu’ils font. Le bore out, l’ennui et le sentiment d’être inutile, les touche autant que le burn out, l’épuisement par la suroccupation.

 

Le désir de de faire du zèle habita peut-être notre jeune pompier. Peut-être voulait-il montrer qu’il valait quelque chose, faire un coup d’éclat en se donnant une occasion d’intervenir. Une telle motivation est aisément compréhensible, et il n’est pas besoin ici d’aller chercher des explications réductrices, comme l’intérêt financier, ou psychanalytiques, comme la secrète fascination causée par ce contre quoi on est chargé de lutter.

 

La seule question est la sottise du procédé utilisé ici, le manque d’intelligence dans la conduite. Comme l’Ours de la fable de La Fontaine, qui casse la tête à son ami le Jardinier en écrasant une mouche posée sur le nez de ce dernier, l’homme a manqué de discernement. Le but était peut-être louable, le résultat catastrophique, parce que marqué au sceau de l’irré­flexion.

 

La leçon à en tirer est que l’intention dans l’action ne suffit jamais : il faut s’interroger sur le moyen qu’on y utilise. Et il est bien dommage que celui-ci puisse disqualifier celle-là.

 

Article paru dans Golias Hebdo, 1e août 2013

 

D.R.

 

***

 

Cet article est extrait du livre suivant :

Petite philosophie de l'Insolite
Théron, Michel
17,00Livre papier
Lire un extrait

DESCRIPTION

Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Ils concernent des sujets d'actualité étranges, bizarres, insolites, souvent amusants, mais se prêtant toujours à un commentaire philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).

 

***

 

> Pour voir tous mes livres édités chez BoD, cliquer : ici.

 

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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